Le dilemme sécuritaire

La question sécuritaire se pose avec une acuité jamais connue depuis une décennie. Une décennie où, paradoxalement, le discours officiel n’en avait que pour “la paix revenue”.

Mais tant que les “warning” venaient de l’intérieur, ils ne rencontraient que le mépris d’un régime sûr de lui et conforté par le clientélisme et l’allégeance des politiciens qu’il peut se payer.

Mais voilà que, depuis quelques jours, la politique de “réconciliation nationale” a fini par étendre ses effets à nos rapports diplomatiques. Ce n’est plus l’alarmisme local de quelques pessimistes patentés, ni les révoltes de quelques anti-islamistes désabusés qui n’arrivent pas à concevoir la fraternité qui les relie, par essence et malgré leur allergie, à leurs frères “égarés”. C’est l’ONU qui semble tenir résolument à son enquête. C’est l’Angleterre, puis les États-Unis qui, à nouveau, mettent en garde leurs ressortissants contre les risques encourus dans un éventuel déplacement en Algérie. Même l’ami Sarkozy pense que nous sommes comprimés dans l’alternative binaire entre Bouteflika et les talibans.

Belkhadem, puis Zerhouni ont exprimé la répulsion que nous connaissons du régime quand il est désavoué dans l’un de ses attributs par lesquels il se justifie : démocratie, droits de l’homme, pertinence de ses politiques économiques, sociales, etc. Mais plus que tout, “la paix revenue” constitue la matrice de sa légitimité.

Nous avons déjà eu à subir cette épreuve où les citoyens et les institutions étaient sommés d’établir la responsabilité des groupes islamistes dans le carnage. Paradoxalement, la politique de réconciliation nationale a été promue afin de sortir le régime de ce harcèlement extérieur qui l’accablait d’être acteur de la violence terroriste et avec, en prime, l’espoir de ramener les terroristes islamistes à la raison pacifiste.

Sauf que l’accusation du “Qui tue qui ?” avait sa finalité politique dans un contexte où la guerre au terrorisme islamiste était déclarée par la résistance et pour le moins assumée par le pouvoir en place. Aujourd’hui, le régime qui déroule le tapis rouge aux djihadistes n’a ni le fruit de ses ardeurs réconciliatrices ni les fruits d’une lutte antiterroriste sans support politique. L’ONU doute de l’efficacité sécuritaire du pays et d’autres États demandent à leurs ressortissants de l’éviter.

Voici donc le régime rattrapé dans sa fuite en avant réconciliatrice. Il va falloir sonner le rassemblement contre les ingérences, et Belkhadem nous en a donné le la, depuis l’Espagne où il a exprimé la première objection contre l’initiative onusienne d’une commission d’enquête sur l’attaque de son siège d’Alger.

On peut toujours s’écœurer de ces discourtoisies diplomatiques. Mais il restera à résoudre notre propre dilemme : expliquer la dégradation sécuritaire qui accompagne “la paix revenue”.

Ou à s’en sortir car, en effet, on ne peut promouvoir le redéploiement idéologique de l’intégrisme et s’étonner de le voir redoubler d’agressivité.

Mustapha Hammouche

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It