Quand le wali va à la plage
Branle-bas de combat. Je sors précipitamment du resto. Bulldozers et camions travaillent d’arrache-pied pour nettoyer ce bout de plage enseveli sous les détritus. C’est bien. Enfin !
- Tu ne le sais pas ! Le wali de Annaba vient demain !
Puisque le wali vient demain, on nettoie aujourd’hui. On ne nettoie jamais pour nous. Dans leur équation, nous n’existons pas ! On nettoie pour le wali parce que le maire ment au wali. On nettoie pour le ministre parce que le wali ment au ministre. On nettoie pour le président parce que le ministre ment au président.
Cela fait quarante années que je vois ce va-et-vient, rédigeant et réécrivant le même papier qui dit ma certitude et ma tristesse de savoir qu’à la disparition du dernier motard au bout de la ruelle, la saleté repoussera ici comme des champignons. Et l’on attendra alors les camions et les bulldozers qui annonceront l’arrivée du nouveau maire qui mentira au nouveau wali qui mentira au…
farahmaamar@yahoo.fr
«La raison est ce qui effraie le plus chez un fou.»
Anatole France
