Mort lente

La grève générale organisée par une coordination de douze syndicats autonomes, marquée par une certaine réussite, remet en avant une réalité que les autorités refusent de voir : la fin annoncée de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA, ex-syndicat unique). L’UGTA, qui a refusé de s’adapter au pluralisme et qui est devenue un frein à la liberté syndicale dans le pays, est l’unique interlocuteur du gouvernement.

A chaque tripartite, l’organisation de Abdelmadjid Sidi Saïd est invitée à la table des « négociations » comme si elle était le seul représentant des salariés algériens. Le gouvernement algérien, qui viole d’une manière manifeste les conventions du Bureau international du travail (BIT), continue de considérer l’UGTA comme l’unique représentant des salariés. Implicitement, le pluralisme consacré par la Constitution n’est pas reconnu. Et par extension, la loi fondamentale est traînée dans la boue. C’est presque « normal » dans un pays où on ne donne plus d’agrément à des nouveaux partis depuis neuf ans.

L’organisation qui occupe la Maison du peuple d’Alger, immense bâtisse gardant le souvenir du parti unique, ne peut parler qu’au nom de ses adhérents. Elle n’a reçu aucun mandat pour porter la voix de l’ensemble des salariés algériens. Le dernier débrayage des douze syndicats a prouvé clairement que l’UGTA ne peut plus avoir le monopole de la mobilisation. Sauf qu’un fait saute aux yeux : « La centrale » syndicale n’organise plus de mouvements de contestation.

Si elle n’attaque pas les autres syndicats, elle réalise passivement les politiques officielles et les amplifie. Cette organisation, qui engloutit chaque année des centaines de millions de dinars de l’argent public, est en train de scier la branche sur laquelle elle est assise. L’UGTA a échoué à trouver place dans les entreprises privées.

De larges secteurs professionnels, comme la santé, l’éducation, l’administration publique ou l’université, ne la reconnaissent plus comme un moteur de la contestation. Que lui reste-t-il ? Des entreprises d’Etat qui disparaissent l’une après l’autre à cause, pour certaines, de faillite provoquée. L’UGTA ne trouve pas scandaleux que les opérations de privatisation soient menées dans l’opacité totale et que les collectifs des entreprises vendues sont traités comme une quantité négligeable. Non, l’organisation de Abdelmadjid Sidi Saïd fait de la politique à la carte.

Elle s’est jointe, les pieds liés et la bouche ouverte, aux bruits de casseroles sur le projet de révision constitutionnelle qui permettra l’allongement sans fin des mandats présidentiels. En 1996, la même UGTA avait applaudi la révision constitutionnelle de Liamine Zeroual qui avait limité ces mêmes mandats à deux ! Quelle crédibilité reste-t-il lorsqu’on fait la chose et son contraire ? Désormais, les démarches qu’engagera le gouvernement avec l’UGTA ne peuvent pas être prises au sérieux si tous les syndicats autonomes ne seront pas associés.

Surtout que l’actuelle direction de l’UGTA n’a plus de légitimité du fait de la non-organisation du congrès qui, théoriquement, devrait permettre un renouvellement des responsables. Mais « le changement » n’est pas une culture dans une structure habituée à la stagnation.

Faycal Metaoui

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