Question de méthode

A la fin de la chronique vous avez lu la phrase suivante : «Ce qui explique, en partie et entre autres raisons — et cette hypothèse est vraie, il faut le redire — cette apparence d’«autisme», de plus en plus notée par les intervenants sur la scène publique». Je ne sais comment j’ai pu trahir ma pensée car je voulais écrire : «…si cette hypothèse est vraie, il faut le redire…».
il «faut le redire» était un rappel, pour moi, important car il confirmait que je n’avançais qu’une hypothèse encore à vérifier. Il me tient à cœur de corriger cette erreur génératrice de contresens parce qu’elle contient un élément de suffisance et de prétention.

Car bien prétentieux serait un homme, aussi avisé soit-il, qui peut avancer des certitudes sur des sujets aussi difficiles à cerner. Sinon, à quoi serviraient les sciences économiques, sociales et humaines en général si une personne seule et à une époque d’impossibilité des savoirs encyclopédiques pouvait clôturer ainsi des débats aussi ardus et complexes ? Cette erreur va aussi à contre-courant de toutes mes convictions et de toute ma morale.

Mes convictions que le savoir et la connaissance se construisent contre les apparences, contre les opinions spontanées et en en appelant toujours au doute, à la vérification, au réexamen permanent, c’est-à-dire contre les vérités «clôturées». Ma morale, ensuite, qui fait de l’invitation au débat n’est sincère et porteuse que si on y vient pour trouver la part de vérité de l’autre et pour y découvrir les bonnes questions.

Bien sûr, cette hypothèse d’une oligarchie en voie d’imposer son hégémonie est séduisante et semble rendre compte de la totalité des processus en cours sous nos yeux. Le sabotage d’une filière nationale du lait ou la ruine dans laquelle on a précipité la tomate industrielle et les conserveries algériennes sont les preuves les plus récentes de ce choix stratégique de livrer le pays aux barons du conteneur et au «tout importation » que ne freine, parfois, que la peur d’«émeutes de la faim».

Cela n’est cependant pas suffisant pour affirmer la validité absolue de cette thèse. Surtout dans notre paysage politique réfractaire aux grilles de lecture de la politique par ses contenus économiques et sociaux. Et c’est donc une question de méthode chez moi que de refuser les explications «achevées» qui ferment le monde et clôturent la pensée. Je vous demande bien pardon pour cette erreur en espérant l’avoir corrigée convenablement.

MOHAMED BOUHAMIDI

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