Les lignes ne bougent pas

Si l’année 2007 s’achève dans la peur et les craintes, celle qui s’annonce en revanche est pleine d’incertitudes. Le terrorisme islamiste marque à nouveau les esprits. Les attentats d’Alger replongent la population dans l’angoisse, l’inquiétude… Le pays est à nouveau dans l’impasse. C’est le retour à la case départ.

La « réconciliation nationale » censée s’attaquer aux racines du mal, en attribuant de fait aux terroristes le statut d’opposants politiques, en les graciant et en autorisant la plupart de leurs leaders à activer politiquement, sachant qu’ils portent une lourde responsabilité dans la tragédie, n’a pas vidé, pour autant, les maquis des éléments les plus radicaux.

La tendance s’est même inversée ; beaucoup d’éléments du GIA libérés ont rejoint les maquis, donnant un coup de fouet exceptionnel aux groupes activant encore, depuis de longues années, en Kabylie notamment. Le pari de la paix n’est pas au rendez-vous. La stratégie de la main tendue n’a pas été payante. L’activisme de ces groupes, ces derniers jours en Kabylie, n’inspire aucun optimisme. Au contraire les Algériens vont devoir vivre avec tout cela en 2008, telle une fatalité. A la différence de nos voisins immédiats (Maroc, Tunisie), l’économie ne repart pas véritablement.

L’important programme d’infrastructures, pris en charge dans une très large proportion par des groupes et entreprises étrangères, n’a pas réussi à créer le déclic indispensable pour faire redémarrer l’économie nationale, encore plongée dans une forme de léthargie, depuis près de 20 ans. Le taux de croissance est essentiellement porté par l’augmentation du prix du pétrole. Mais est-ce durable tout cela ? En attendant que les pouvoirs publics prennent conscience que le fonctionnement de l’économie doit être revu de fond en comble, avec intelligence, en s’appuyant sur toutes les compétences, en faisant confiance aux opérateurs algériens (publics, privés…), la jeunesse algérienne sombre dans le désespoir (harraga, drogue, terrorisme…).

Les plaies de la société n’ont jamais été aussi béantes et le fossé si grand. La faiblesse de la participation aux élections de 2007 est indicative d’une coupure nette mais dangereuse entre les autorités et la population. Les Algériens vivent, depuis l’époque de Chadli Bendjedid, avec le sentiment très largement ancré que l’Algérie est très mal gérée. Les milliards de dollars acquis entre 1979 et 1985 sont partis en fumée. Le pays s’est retrouvé nu en août 1986, la suite est connue.

Le FIS dynamite l’Algérie. Ce sont les pages les plus sombres depuis son accession à l’indépendance. Abdelaziz Bouteflika fait tout le contraire. Il lance de grands travaux, efface la dette, constitue des réserves importantes en devises mais se laisse convaincre, par ses conseillers, qu’il ne faut pas miser sur l’entreprise algérienne (politique de clans, régionalisme…). Le décollage tarde à se réaliser. On ne l’aura pas de sitôt.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, tous les pays du tiers monde qui ont réussi à se libérer du sous-développement (Chine, Inde, Afrique du Sud, Brésil, Malaisie, Corée du Sud, Tunisie, pays arabes du Golfe…), à se hisser à des niveaux économiques importants, ont mené cette tâche en s’appuyant essentiellement sur leurs entreprises nationales. L’apport extérieur est marginal. Le pouvoir politique en Algérie continue en 2007 à agir avec mépris envers les entrepreneurs algériens, alors que rien ne peut se faire sans eux. Rien n’indique que les choses bougeront en 2008, de ce côté-là…

Omar Belhouchet

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