Le hors-normes algéro-français

Maintenant que la tempête médiatique autour de la visite de Sarkozy va s’éteindre d’elle-même comment évaluer ses résultats ? D’un côté, nous aurons les informations des journaux qui ne nous permettront pas d’évaluer les impacts à long terme car nous ne possédons pas les bonnes grilles de lecture. De l’autre côté, ceux qui possèdent ces grilles de lecture, experts, économistes, historiens, ne peuvent intervenir à chaud et ne peuvent intervenir qu’en écrivant de longs articles qui ne sont pas accessibles à tous.

Il faudra, pour nous faire une idée, attendre les avis des experts et leurs interventions dans un ou deux titres de la presse écrite, car vous n’imaginez pas la télévision s’ouvrir au décryptage public de la politique de nos gouvernants. Il ne reste pour nous contenter qu’un bilan politique dont Sarkozy nous donnera quelques clés lors de sa réunion avec les harkis et pieds-noirs rapatriés et que Chérif Abbas a marqué de ses déclarations. Ce grand absent de ces cérémonies, Chérif Abbas, les aura hantées jusqu’au bout et il planera longtemps sur les interprétations à donner à cet épisode des relations algéro-françaises.

Et plus le temps passera plus les questions que soulèvent ses déclarations reviendront au-devant de la scène. Les relations algéro- françaises sortiront-elles du piège néocolonial et que penser de la prétention de nos dirigeants à établir des relations d’égal à égal avec la France ? Avec la France ou avec tout autre pays dominant ? C’est réellement de la prétention pour la simple raison que le rapport de domination crée encore plus de domination. Les pays dominés n’ont à résoudre qu’une seule alternative : comment être les moins perdants ? Rien d’autre, sauf, évidemment, s’ils décident de sortir du rapport de domination. Ils doivent dans ce cas mener des politiques de libération nationale en donnant à leur indépendance un contenu de libération économique.

Démarche que mille et un experts intéressés vont décourager en nous parlant du caractère inéluctable de la mondialisation en cours et de la fatalité de la division internationale actuelle du travail. Ils feront de toutes les réussites avérées des pays émergents qui ont refusé les recettes du néo et de l’ultralibéralisme des cas d’espèce. La Chine ? Un cas d’espèce ! Le Vietnam ? Un cas d’espèce !

Et tous les autres pays qui n’ont pas renoncé à un rôle de l’Etat dans la conduite de l’économie sont des cas d’espèce. Comme si la libération de chaque nation n’était pas un cas d’espèce, une histoire particulière dans des circonstances particulières avec des facteurs culturels particuliers à la suite d’un héritage historique particulier. L’Algérie emprunte-t-elle ce chemin de la création de son destin particulier qui l’élèvera au rôle d’acteur universel d’un nouvel ordre mondial ou s’enfonce-t-elle dans la soumission à l’ordre actuel qui la gardera dans la position de pays dominé voué aux traitements particuliers que nous délivreront les pays dominants.

Car c’est bien ce que nous propose Sarkozy ? Un traitement particulier sous les noms les plus divers et les plus jolis : partenariat d’exception, relations stratégiques, etc. qui sous-entendent le rapport protecteur du grand frère au petit frère. Vous pouvez préférer des rapports juste normaux. Ce n’est pas pour demain.

MOHAMED BOUHAMIDI

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