EN PLEIN DANS LE PANNEAU !

L’artiste peintre Farida Sellal, épouse du ministre des Ressources hydriques, expose ses œuvres à la Bibliothèque nationale.

Peinture à l’eau ?

Une pensée émue aujourd’hui pour des damnés de la terre d’Algérie. La plupart du temps, ils sont parqués dans des conditions inhumaines. Dans des caves humides et glauques visitées seulement par les rats et les moustiques. Ils y sont entassés par dizaines, les uns sur les autres, tellement entassés que parfois leurs pieds s’enchevêtrent inextricablement.

Il peut se passer de longues semaines, de longs mois, voire de longues années avant qu’on ne vienne les faire sortir et leur faire goûter la lumière du jour. Sinon, le reste du temps, ils rongent leur frein. Trompant l’ennui abyssal par des occupations diverses. L’une d’elles plus particulièrement : arracher des petits bouts de papier qui leur collent à la face depuis leur dernière sortie à l’air libre.

Résultat stupide d’un jeu sadique des gens du dehors qui s’amusent à leur coller des tonnes de papier dessus. D’autres, moins chanceux, mettent leur internement forcé à profit pour soigner d’anciennes blessures, des entailles et des balafres profondes provoquées par les gens du dehors, des marques d’une violence gratuite, des stigmates de ce dont sont capables les gens du dehors.

Les jours passent ainsi. Les semaines. Les mois. Les années. Dans le noir. Jusqu’au jour où un bruit de clés tournant dans la serrure rouillée de leur cellule se fait entendre. Une raie de lumière s’introduit par l’entrebâillement grinçant de la porte, puis, lorsque leurs gardiens ouvrent grand, c’est carrément un flot de lumière aveuglante qui prend possession des lieux.

Difficilement, à cause de la rigidité due au long enfermement, on sort les captifs, attachés les uns aux autres avec du fil de fer. Qu’ils sont douloureux les derniers mètres vers l’air libre et la lumière du jour ! Une fois dehors, on s’empresse de leur redonner des couleurs. On les bichonne. On les cajole.

Les gens du dehors, un brin artistes, vont même jusqu’à souligner leurs contours au noir. Ensuite, tout va très vite ! On les plante dans nos villes et villages, dans nos places et carrefours. On leur colle des affiches de candidats aux élections sur la face et on les consigne là, jusqu’au jour de la fraude.

Voilà décrite sommairement la dure condition du panneau algérien affecté à la campagne électorale. Un objet devant lequel nous passons indifférents, à chaque élection truquée, à chaque scrutin boudé sans vraiment nous douter du calvaire de cet outil martyr de la démocratie à l’algérienne. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Hakim Laâlam

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