Mezghena la rebelle

Qu’as-tu donc à donner tes enfants en offrande, enfumés dans les grottes, massacrés au printemps ?

Mai sanglant de Sétif et Bouzid de quinze ans. N’as–tu donc pas assez d’être fière et rebelle ?

Tes révoltes bouillonnantes ont raison des légions, de César à Néron, augustes, invincibles centurions.

De Cirta à Thevest rugit ton lion, Jugurtha le Numide, Koceila le félon, Tarik le Berbère envahit l’Occident.

Chaque fois que la mer déferle, tu soulèves les vents, tes entrailles se déchirent et appellent les vivants, immolés dans les plaines, les vaux et les monts de ta chair meurtrie, maculée par le sang.

Barbaresque a-t-on dit, pour mieux te réduire, ton impétueux torrent emporta la voilure, le compas le timon, le vaisseau mercenaire, le salpêtre du canon.

Charles cinquième du nom, Castillan de Séville, sur ta colline son soleil à jamais, s’est couché.

Mezghena la divine l’a toujours débouté.

L’armada de l’Empire engloutie par la vague, le bruit des canons étouffée par les fonds.

Ton grenier convoité, de Bourmont et consorts.

Le consul souffleté par ton Dey effronté, te plongeait dans la nuit enchaînée dans la soute, galérant pour l’impie.

Musulmane tu le restes : Saint- Louis s’est soudain souvenu qu’il est mort de la peste.

Généraux et soldats, fantassins et hussards s’entraînaient sur ton corps de douleurs meurtri ; s’essayant à semer dans ton ventre les semences de l’oubli.

Soubresauts agités, burnous fugitifs, dérisoires cimeterres, ludiques arquebuses et chevaux certes vifs.

Exilés l’un et l’autre, même ta fille, Fatima n’Soumer la Kabyle n’a cédé à la Gaule, ni les lieux ni les noms : «Thamourt» est ton nom.

De Bourail à Cayenne, de lointains descendants de bagnards pénitents se réclament de ta chair, non de lien que celui de ton sang.

La Toussaint en novembre revient tous les ans, tes enfants en ont fait la fête des vivants, allumant quelques cierges au début vacillants.

Si Larbi disait bien : «Jetez-la dans la rue…» Sacrifié lui aussi, il avait bien raison.

Pendu en sa prison, il n’eut pas d’oraison.

Zabana l’Oranais, le premier de sa tête a payé : il exhalait ton nom.

Mourad l’Algérois, le Chaoui Mostefa, Hassiba la nubile et Omar le petit, ont péri sous les combles..

Le Mekong victorieux charria la vermine, le Massu écrasa, le Challe étouffa, le Jouhaud pillonna, Susuni la gégène.

C’est bien toi, la rebelle, celle qui ne meurt jamais. Sublimée par Khalifa des Zibans, Belkheir le barde de la steppe, le Homère du Mizab et Baaziz l’impudent…

Algérie mon Amour… Algérie pour toujours.

On a tenté de t’immoler sur l’autel du pêcher, que de hordes barbares n’as-tu pas étrillées. !

Un «mono» qui vous salue patriotiquement pour ce régal matinal, à la veille du 53é anniversaire de la Toussaint rouge et qui vous offre cette égérie.

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