Lire

Cette question du plaisir de lire à communiquer, en dehors de l’obligation scolaire, à l’enfant, à l’école et à la maison ne relève pas de l’approche psychologique. Elle met les acquis de cette science au service d’une action qui relève des pratiques sociales. Seulement, elle nous rappelle que, pour réussir, l’opération doit reconnaître la réalité de ce qui est.

On ne lit pas par obligation, par devoir, par pure opération de l’esprit mais parce que cette lecture nous apporte des gratifications personnelles et sociales, parce qu’elle s’inscrit dans les processus sociaux de l’identification culturelle. Le premier pas reste bien sûr le travail sur l’enfant en reconnaissant qu’il n’avancera sûrement dans cette direction que si cette lecture lui apporte des gratifications et du plaisir.

Le plaisir ? quelle horreur pour une société encore largement patriarcale qui en fait un tabou, une transgression à la loi du devoir et de l’obéissance, dans laquelle on fait la chose par devoir, par conformité à l’autorité du père ou de l’image qu’on s’en fait. Une fois réglé ce problème du changement d’approche, l’école ne peut remplir les missions attendues des autres secteurs. Et nous avons alors deux niveaux de tâches urgentes.

La première ressemble tout à fait à ce que font d’autres pays, pourtant bien lotis au plan de la lecture et des réseaux de lecture publique. Des centaines d’associations de quartier, de village, de centres d’échange du livre sont soutenues par l’argent de l’Etat, travaillent en permanence pour maintenir un niveau élevé d’intérêt pour la lecture en invitant des auteurs, en attribuant des prix de tous genres d’intérêt local mais tellement efficace pour faire participer les gens à cette opération et pour les faire parler de littérature, etc.

Je vous ai cité, un jour, le cas de cet écrivain algérien qui a reçu un prix de ce genre et qui a été invité à parler à des dizaines et des dizaines de vieux, de jeunes, de collégiens et lycéens, d’enseignants ou d’autres catégories sociales dans une région de France. Imaginez-vous un seul instant notre ministère encourageant ce type d’initiative quelque part entre Tablat ou Aïn-El-Kébira, mettant le temps, les moyens et trouvant les motivations pour que des groupes de citoyens lisent et élisent ensuite un lauréat qu’ils prendraient en charge pour qu’il leur parle d’écriture, de roman, de poésie, de création.

Ce type d’action ne relève pas de la frime et de la propagande mais du travail sérieux, en profondeur, efficace sur la durée. Mais le ministère n’encourage pas non plus les bibliothèques adaptées physiquement et psychologiquement aux enfants, etc. Et si ce travail n’est pas fait, la lecture en Algérie restera largement amputée de son segment créatif.

MOHAMED BOUHAMIDI

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It