Sarkozy, ami ou pas ?

Le président français sera à Alger du 3 au 5 décembre. Son précédent voyage a été marqué par sa déclaration renouvelée de “refus de repentance”. Le projet de “traité d’amitié”, conçu avec Chirac a alors été réduit à ce qu’il était : une incantation. La veille de sa visite des 10 et 11 juillet dernier, Sarkozy a clairement exclu toute idée de repentir, estimant que la France n’a pas à s’excuser “perpétuellement” et que “l’Algérie a connu beaucoup de souffrances des deux côtés. Il faut rendre hommage à toutes les souffrances”. Il ne semble pas y avoir de réplique officielle à la thèse de Sarkozy sur l’équivalence des souffrances qui gomme, en matière de colonialisme, la différence entre agresseur et agressé.

Le malaise algérien engendré par le renoncement muet à “l’exigence de repentance” a renvoyé l’événement de la visite présidentielle à un statut de simple prise de contact. L’essentiel devrait s’accomplir à l’occasion de la visite de décembre. Depuis, le chef de l’État français a effectué une visite d’État au Maroc. Il en est reparti avec une moisson de marchés pour des entreprises françaises d’un montant respectable.

En Algérie, nous en avions retenu que Renault, dont des clients parmi les plus attachés, a préféré construire au Maroc les voitures qu’elle nous vendra bientôt. Mais nous en avions surtout retenu que Sarkozy a fait une déclaration qui favorise le plan marocain de règlement de la question sahraouie, tournant le dos, après les Espagnols, au processus de règlement préconisé par le plan de l’ONU.
Malgré nos protestations médiatiques, la question de la “préférence” marocaine et de la question du Sahara occidental ne semble contrarier les retrouvailles de décembre prochain, comme celle de la repentance n’avait perturbé le rendez-vous de juillet.

En France, on s’emploie à consolider le chiffre d’affaires du prochain voyage présidentiel et Le journal du Dimanche l’évalue à quatre milliards d’euros. Du côté algérien, tout se passe aussi comme si l’enjeu était de contracter plus le plus grand montant de marchés.

Les ministres économiques se relaient à Paris pour présenter le menu et l’on sait déjà qu’en plus de centrales électriques et d’un accord de coopération dans le nucléaire civil, nouvelle camelote française apparemment appelée à proliférer en Méditerranée du Sud, d’autres contrats seront signés. Le prochain voyage, même si des questions politiques y seront certainement abordées avec la distance que permet le langage diplomatique, constituera surtout une campagne commerciale. C’est ce qui compte : les responsables UMP n’en ont que pour le rendement financier du déplacement marocain de Sarkozy.

L’organisation des moudjahidine vient d’appeler “l’État français à reconsidérer ses potions et à composer avec les données réelles de l’Histoire”. Un budget de 133 milliards de dinars n’autorise ni à se taire devant une renonciation ni à crier trop fort contre un Exécutif généreux.

Les timides protestations de principe qui montent de-ci de-là seront vite relayées par le chant des promesses de cette coopération relancée. On n’avertit même pas des retournements, que les voix disciplinées puissent s’accorder avec la musique officielle !

Mustapha Hammouche

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