Le projet d’Union méditerranéenne s’invite à Alger

Ce samedi 3 novembre , l’association des jeunes entrepreneurs Care et le Cread organisent une rencontre-débat sur le thème des “enjeux de l’Union méditerranéenne” à laquelle ils ont convié le Cercle des économistes français. Qu’est-ce que l’Union méditerranéenne — zone de libre-échange ou projet politique —? Comment la créer ? Quel sera son contenu ? sont les principaux thèmes retenus par les organisateurs et autour desquels se déroulera le débat.

On aurait aimé voir poser ces questions à l’initiateur même du projet, c’est-à-dire le président de la République française, tant les contours de cette initiative sont encore peu clairs. En tout cas, ce sera bien la première fois qu’une réflexion “académique” est engagée sur un projet politique dont on ne connaît pas encore officiellement le contenu. Souhaitons que ce décalage puisse être opportun et contribuera à enrichir le projet. Que peut-on attendre d’une telle initiative et a-t-elle des chances d’aboutir ? Pour répondre à cette question, parlons comme le fait le promoteur du projet lui-même, et “disons les choses comme nous les pensons” (“Je le dis comme je le pense” est une des phrases magiques du président Sarkozy). Dans quel contexte politique régional l’Union méditerranéenne pourrait-elle se concrétiser ? Un contexte sur lequel le moins qu’on puisse dire est qu’il est loin d’être apaisé sur sa partie sud. D’abord le conflit, chaque année plus explosif et plus compliqué, israélo-palestinien.

Ensuite, la crise libano-syrienne qui n’en finit pas de durer. La question du Sahara occidental qui grève lourdement les relations algéro-marocaines. La Turquie qui ne veut pas entendre parler de l’Union méditerranéenne et qui ne veut rien moins que l’adhésion à l’Union européenne. Le Maroc, pour sa part semble préférer la politique de voisinage qu’il trouve plus concrète et plus spécifiée. L’Algérie, elle, s’en tient, pour l’instant, à l’accord d’association de libre-échange signé avec l’UE tout en laissant grande ouverte sa stratégie de coopération économique (USA, Chine, Corée du Sud, Malaisie…). Enfin l’Italie et l’Espagne, tout en ne disant pas non au projet de Sarkozy, rappellent quand même que l’Union méditerranéenne serait meilleure avec l’UE des 25. Examinons maintenant au moins les raisons apparentes qui ont poussé le président Sarkozy à s’engager dans une telle initiative.

• Il y a d’abord le problème sécuritaire. La France est directement exposée à la vague terroriste qui sévit encore en Algérie, de plus en plus au Maroc et dormante en Tunisie et dans les deux autres pays du Maghreb. Consolider la coopération sécuritaire avec cette région par une coopération économique, commerciale et financière constituerait, aux yeux du président français, une bonne gestion du danger terroriste.

• Il y a aussi la menace de la déferlante migratoire alimentée par les chômeurs de l’Afrique sub-saharienne et du Maghreb et contre laquelle une zone économique tampon, à l’image du rôle joué par le Mexique dans l’Alena (USA et Canada), serait la bienvenue.

• Il y a la question de la garantie de l’approvisionnement énergétique de la France qui veut diminuer sa dépendance à l’égard de la Russie. L’Algérie est ici particulièrement concernée. La Libye est sur l’agenda français.

• Il y a enfin l’épineuse question de l’intégration de la Turquie à l’Union européenne et pour laquelle Sarkozy voit la solution dans cette fameuse Union méditerranéenne. De leur côté, les pays tiers-méditerranéens concernés par le projet d’union ont aussi leurs demandes qui ne vont certainement pas être faciles à satisfaire par les pays de l’arc latin européen. En premier lieu, la libre circulation des personnes et non pas l’immigration choisie de Sarkozy qui, au lieu d’aider les pays du Sud, les vide au contraire de leur sève.

• Il y a ensuite la question de l’aide financière, insignifiante pour l’instant, et dont ont si besoin la plupart des pays de la rive sud.

• On peut ajouter à ces attentes, celles du partenariat de production que sollicitent de l’Europe ces pays et depuis bien longtemps.

• Il y a enfin, pour ne citer que ces demandes, le besoin d’aide qu’expriment les pays du Sud pour la formation d’élites notamment managériales pour assurer le succès des réformes si nécessaires. Comme on peut le constater, les demandes de ce côté de la Méditerranée sont nombreuses et surtout coûtent de l’argent, beaucoup d’argent. Sarkozy pourra-t-il garantir les ressources financières nécessaires que devront débourser les partenaires du Nord ? Il faut, enfin, souligner que la Méditerranée, et notamment sa rive sud, est convoitée, de plus en plus ouvertement, par d’autres puissances que l’Europe. Les USA, bien évidemment, mais aussi la Chine.

Même si chacune de ces deux puissances a ses propres objectifs. Alors l’Union méditerranéenne envers et contre tous ? Pourquoi pas ? Après tout, on dit bien que “les seules batailles qu’on est sûr de perdre sont celles qu’on refuse de livrer”.

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