Dénégations !

Dire que les actes terroristes relèvent de la pure criminalité soulève plus de problèmes que ne résout cette affirmation. Retenons d’abord son postulat sous-jacent : l’acte criminel ordinaire n’est pas qualifiable, donc impossible de le soumettre à l’analyse. Ipso facto l’acte terroriste actuel n’est plus un objet possible pour la raison, pour la science ou pour la recherche. Du coup, étant déraisonnable, vous ne pouvez lui trouver d’origine ni de… raison dans la politique. Refuser à l’acte terroriste sa qualification politique lave le pouvoir de toute responsabilité dans la genèse de ce phénomène.

Étant criminel, il n’est plus politique et n’a plus rien à voir avec ce que fait le gouvernement depuis des décennies. Cette façon expéditive de s’en laver les mains des actes en classant leurs auteurs sous des dénominations infamantes donne au pouvoir un autre avantage : celui de la dénégation. Le terrorisme n’existe pas puisqu’il s’agit d’actes criminels, et continuer à parler d’islamisme serait une prime à ces terroristes en leur inventant une filiation, une appartenance ou une adhésion à une idéologie politique.

Quel retournement de problématique ! Les adversaires les plus résolus du terrorisme deviennent leurs complices en les nommant par leurs noms et en nommant par son nom leur identité meurtrière. Si, aux yeux du pouvoir, l’acte terroriste actuel n’est que crime sans justification religieuse cela veut dire, aussi, que les actes terroristes passés en avaient une et donc n’étaient pas un crime. Le justifier pour le passé c’est aussi le justifier pour l’avenir. Ce n’est qu’une question d’arguments.

Ainsi, le pouvoir n’appelle les Algériens à s’interdire le sang des Algériens au nom de quelque idéologie que ce soit ; il nous explique, au contraire, qu’une couverture religieuse ne place pas la mort des autres Algériens sous la rubrique du crime. L’idéologie religieuse hier et aujourd’hui, une autre idéologie se réclamant du sacré demain quel que soit ce sacré (patrie, nation, langue, etc.) peut se placer au-dessus de la valeur Algérie et mettre à mort des Algériens accusés d’avoir failli.

La dénégation de la réalité devient à son tour une justification du terrorisme passé. Non, on ne combat pas le terrorisme en acceptant une couverture religieuse à un terrorisme «religieusement licite» et un autre à qui on refuserait cette couverture. Mais les raisons du pouvoir nous sont souvent obscures. Allez savoir pourquoi !

MOHAMED BOUHAMIDI

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