Les assassins du rêve (1)

Devant ministres et walis qui portent une grande part de responsabilité dans son désespoir, le président a expédié, en 11 minutes, son discours sur la jeunesse. La première impression reste celle du plus sévère constat jamais fait par quiconque sur la politique du pouvoir. Un tableau noir de la situation des jeunes ponctué par le drame silencieux des haragas tenu sous mutisme puis celui des kamikazes dont le bruit destructif et meurtrier ne laissait aucune chance à la dénégation par le silence.

Ces deux phénomènes, le deuxième surtout, bien sûr, ont obligé le pouvoir à parer à un feu devenu inquiétant pour sa quiétude en invitant les jeunes à moins de désespérance. La question principale reste de savoir s’ils l’entendront tant la noirceur du tableau jure avec le retour du naturel : la culpabilisation des jeunes par l’évocation des efforts jugés gigantesques de l’Etat en leur direction en matière d’éducation, de santé, de sport et de loisirs.

Difficile de réussir un tel exercice quand des pays démunis de tout, comme Cuba, font mille fois mieux avec leur médecine hyper-compétente, leur système éducatif cité en exemple, leur taux zéro d’analphabétisme et leurs médailles olympiques, sans parler des pays développés. Le pouvoir porte comme une incapacité à aller au bout du constat, une irrésistible tentation de traiter les jeunes en ingrats des bienfaits du pouvoir, installant avec ce rapport exécrable du : je vous ai donné, tant donné, que voulez-vous de plus ?

Et le président sans aller au bout de sa critique de ce qui a été proposé aux jeunes reprend les mêmes promesses dont la pire, vous le savez, est celle des cent commerces par commune. Voilà à quel enthousiasme, à quel grand destin, à quelle ambition, à quel grand dessein national on invite la jeunesse. Choisir à la tête du client 100 nouveaux commerçants parmi les jeunes et offrir 8000 DA par mois, pas même le smig, à des jeunes médecins pour tenir l’enfer des urgences 12 heures par jour.

Là-dedans, trouvez une place pour le rêve, n’importe quel rêve, à offrir au jeune médecin, au jeune ingénieur, au jeune étudiant obligé de vivre avec 30 DA par jour. Car, messieurs du pouvoir, quand on termine ses études de médecine, de droit, de technologie ou de sciences de la nature on est encore un jeune. Un tout jeune. Et c’est le pouvoir qui leur offre, comme une grande conquête, 6000 DA pour le préemploi, 2000 DA pour l’emploi dans le cadre du filet social et le spectacle quotidien des nouveaux insolents.

MOHAMED BOUHAMIDI

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