Distances !
Encore groggy, à une enjambée du rendez-vous des locales, la classe politique n’arrive toujours pas – du moins semble-t-il — à trouver ses arguments pour mobiliser cet électeur devenu exigeant, méfiant et qui a surtout pris une distance vis-à-vis d’elle.
Le spectre de l’abstention est apparu en cette veille d’élections locales comme pour assombrir davantage les brumeux horizons qui guettent la classe politique, déjà en proie à une crise qui s’approfondit de plus en plus au fil des scrutins.
L’administration ayant fait ce qu’elle pense être son devoir pour comprendre son comportement, méfiant à l’égard de la chose politique, et essayer de le remettre sur la voie de la participation active à la vie politique du pays, côté partis politiques, c’est plutôt “la dèche” depuis la douche froide du 17 mai dernier.
Encore groggy, à une enjambée du rendez-vous des locales, la classe politique n’arrive toujours pas – du moins semble-t-il — à trouver ses arguments pour mobiliser cet électeur devenu exigeant, méfiant et qui a surtout pris une distance vis-à-vis d’elle.
Cette situation a évolué ainsi depuis l’ouverture du champ politique pour arriver à ce qu’on peut considérer aujourd’hui – et le constat est là — comme une pénurie de candidatures parmi la majorité des partis politiques, y compris le FLN dont la moisson pour cette échéance est contestée à tous les niveaux, faisant alors ressurgir un autre spectre : celui des coups d’État scientifiques promus en mode de succession à sa tête, depuis Abdelhamid Mehri.
Malgré ce climat menaçant, les partis politiques ne montrent pas de signes d’inquiétude, au point d’inquiéter les observateurs. À moins qu’ils aient tous sombré dans leur propre crise interne, à l’image de ces bagarres pour la confection des listes. Confier la confection des listes à des militants prétendants n’est pas forcément un bon choix tout comme “parachuter des têtes de liste”.
Mais depuis le verdict du 17 mai, les partis, sonnés, n’ont pas pu réagir ; il est remarquable d’ailleurs qu’aucune activité, du genre université d’été, à la mode jusqu’à l’année dernière, n’ait été organisée par ces partis. Même l’appel du trio Aït Ahmed-Mehri-Hamrouche, vu comme l’unique événement, n’a pas eu de répondant. Ce qui est un signe de rupture. Rupture entre le citoyen et les politiques, rupture entre les partis et les personnalités politiques nationales.
C’est enfin probablement vrai que la société a changé, évolué peut-être, alors que les partis politiques en sont restés aux réflexes qui remontent à leurs premiers anniversaires officiels. Situation qui, comme on le constate, profite aux islamistes qui travaillent au corps un électorat effiloché et distant. Avec quelque réussite.
Djilali Benyoub