Ministres ou chef de chantiers ?

S’il est une catégorie qui n’a pas ménagé son zèle d’inspection durant ce Ramadhan qui ne passe pas pour un foudre de guerre comme mois d’efforts, c’est bien celle des membres du gouvernement, qui n’ont pas tari de dynamique voyageuse à l’intérieur du pays. Si c’est pour copier Bouteflika, la copie n’est plutôt pas conforme, parce que si le Président s’est souvent déplacé à travers le territoire national, c’est parce qu’il injecte une dimension politique, voire historique, dans la moindre des remarques qu’il prodigue aux responsables locaux, et aux ministres concernés qui l’accompagnent.

Il est évident que ce cachet particulier d’inscription dans la durée et dans les mentalités des responsables et de la population, est absent lors des ministres ministérielles, même si parfois, ils saisissent l’occasion de leurs sorties sur le terrain pour donner des orientations et instructions dans le but de recadrer et de mieux baliser l’action de leur département. Dès lors que l’on s’écarte du champ de la bonne intention et la bonne volonté, choses indéniables chez les ministres coutumiers des visites dans les wilayas, on ne peut que constater le sérieux et la compétence de ces hauts commis de l’Etat, mais dans le sens du détail et de la connaissance des particularités de la moindre unité, à ceci près que ce n’est pas là leur champ de prérogatives.

En somme, un ministre n’a pas à veiller au grain, mais à toute la récolte de céréales. A leur décharge, il est plus que probable que si ces ministres prennent à tour de bras leur bâton de pèlerin pour aller s’enquérir sur place de l’état des lieux, de l’avancement des travaux, du suivi de telle ou telle orientation ou du degré d’application de telle instruction ou directive, bref, s’ils sont obligés de faire le contremaître et camper le rôle de chef de chantier, c’est tout simplement parce qu’ils n’ont pas le choix.

Il est vrai qu’on imagine un membre du gouvernement s’investir plus dans la conception que dans l’application et se préoccuper plus du global que du particulier, de par son envergure nationale et projective, mais on les voit tenir le rôle de leurs propres subalternes. En fait, si la circulation de l’information de la base vers le sommet était assurée avec fidélité, sans le vernissage et l’opération d’embellissement effectuée par les niveaux intermédiaires, c’est-à-dire s’il régnait un climat de confiance entre le ministre et ses échelons intermédiaires, il n’y aurait bien sûr pas lieu d’effectuer des déplacements non seulement harassants, mais aussi qui détournent le temps précieux du haut responsable vers des tâches qui ne concordent pas avec la hauteur de la mission qui lui est confiée par l’Etat.

Pour assurer les très nécessaires opérations de contrôle et de suivi, des cadres supérieurs, membres du staff dirigeant dans chaque département sont censés être outillés et tout désignés pour mener à bien ce rôle, ne serait que pour établir des rapports précis et fidèles à la réalité. Si cela ne se fait pas, c’est soit une question de carence de confiance, soit que les ministres s’arrangent pour désigner un entourage dont la compétence n’est pas la principale vertu. Pour toutes ces raisons, ils se retrouvent obligés d’avoir un œil sur l’ensemble de la récolte et l’autre ouvert pour veiller au grain, exercice physique et mental plutôt difficile.
On en voit les résultats…

Nadjib Stambouli

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