Y aura-t-il une «révolution de la patate ?»
Certains politiciens grincheux, aidés par des commentateurs acrimonieux, cherchent à exploiter le désarroi d’une large frange de la population en raison de la hausse endémique des prix de certains produits pour s’alarmer et mettre en garde contre une inéluctable explosion sociale, à la rentrée.
Certaines voix n’hésitent pas à y voir la main de ces «forces occultes» au machiavélisme toujours aussi inégalé qui tenteraient ainsi de provoquer la colère populaire pour brouiller toutes les cartes et imposer ensuite leur jeu…
Cela dit, il y a une vraie crise sociale que nul ne peut nier ou contourner par de simples discours moralisateurs ou de contre-propagande. Car si les experts expliquent cette hausse vertigineuse des prix de certains produits et la pénurie qui en menace d’autres, par des facteurs tout à fait endogènes, liés à l’augmentation des prix de certaines matières première, il y a la paix sociale qui est bien menacée aujourd’hui..
Le déclin du pouvoir d’achat des Algériens a en effet atteint des niveaux intolérables. Les promesses faites par le gouvernement, il y a quelques mois, de régler la crise de la pomme de terre, dont le prix ne fait qu’augmenter depuis, ont dû aggraver ce sentiment de désarroi chez les citoyens. Il fallait ensuite se ressaisir et résister à la crise du lait, à celle du pain. Heureusement que les choses sont revenues à la normale, grâce aux mesures prises par le gouvernement pour maintenir la subvention des produits de base. Il restera encore à régler l’épineux problème de la pomme de terre. A l’approche du mois de ramadan qui, cette année, coïncide avec la rentrée sociale, on peut craindre une suralimentation de la crise par ces discours populistes en vogue justement. C’est cette crainte-là qui a dû inspirer cette intervention in-extremis du chef de l’Etat qui, par un décret signé ce lundi, a décidé d’exonérer les importateurs de la pomme de terre de toutes les taxes douanières ; seul moyen d’inonder le marché pour faire baisser les prix très rapidement et les ramener à un seuil de la décence.
Mussa Acherchour
