Royale intransigeance

Tout compte fait, les Sahraouis avaient raison de douter de la sincérité des Marocains de s’engager dans des négociations comme le recommandaient les Nations unies. Un premier round a bien eu lieu, mais le roi du Maroc vient de fait d’annuler un second rendez-vous qui devait se tenir les 10 et 11 août prochain à Manhasset, dans la banlieue de New York. Le souverain marocain a fait preuve hier d’intransigeance en déclarant que « la solution à ce conflit artificiel est le projet d’autonomie consensuel sous la souveraineté du Maroc et rien d’autre que ce projet d’autonomie. » Mohammed VI s’est même permis de réécrire en quelque sorte la dernière résolution du Conseil de sécurité en soulignant que son pays « s’engage à respecter tout accord politique mutuellement acceptable qui sera réalisé » sur cette base. L’ONU, rappelle-t-on, préconise la conclusion d’un accord en vue de l’autodétermination du peuple du Sahara-Occidental. Une royale intransigeance, mais aussi un défi à l’ONU puisque le Maroc avait accepté les termes de cette résolution en acceptant le principe-même de cette négociation à laquelle il était dûment représenté. C’est donc la fin d’un espoir, bien mince il est vrai, que l’ONU tentait de faire partager, car elle était dans son rôle d’explorer et d’emprunter toutes les voies susceptibles de faire appliquer ce qui tient lieu de légalité internationale. Que va-t-elle faire maintenant que le Maroc, par sa tentative de dicter l’ordre du jour, brise un processus qu’il avait préalablement accepté ? Toute la question est là, et celle-ci se pose depuis bien longtemps, soit depuis 1991, date du début d’application du plan de paix de l’ONU, sans suite, il faut bien le rappeler, puisque seul le cessez-le-feu en a été appliqué. Jusque-là, les Nations unies ont fait preuve de constance et de perspicacité en rappelant à chaque occasion la nature de ce conflit que le roi du Maroc se plaît à qualifier d’artificiel alors même que son pays sous le règne de son défunt père avait officiellement souscrit au plan de paix de l’ONU qui traitait la question sahraouie sous l’angle de la décolonisation, et recommandait pour y mettre fin, un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Peu auparavant, soit en 1987, Hassan II affirmait par ailleurs que ce conflit n’opposait pas son pays à l’Algérie. Une mise au clair qui a ouvert la voie à la normalisation des relations entre les deux pays en 1988, et la création de l’UMA (Union du Maghreb arabe) une année plus tard. Il est bien difficile dans de telles conditions de parler de ce conflit, comme l’a fait hier le souverain marocain qui connaît déjà la réponse — négative bien entendu — des dirigeants sahraouis. Même l’ONU a rejeté le plan marocain en réaffirmant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Que cherche donc le Maroc ? Les propos d’hier ont un seul mérite, celui de mettre fin à toute attente, mais par leur teneur, ils sont dangereux.

T. Hocine

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