MISE À NIVEAU DES ENTREPRISES OU DE L’ÉCONOMIE ?

On peut, dans une première approche, considérer que l’objectif recherché par les programmes de mise à niveau des entreprises dans les pays du Maghreb est de renforcer la compétitivité de celles-ci qui évoluent maintenant dans un contexte d’ouverture économique et de concurrence accrue.

En renforçant la performance des entreprises, on crée les conditions d’une croissance économique robuste et durable, conditions nécessaires à la création d’emplois, et donc, à la résorption du chômage. Ainsi, la mise à niveau des entreprises, c’est d’abord une préoccupation micro-écon je suisomique mais c’est aussi un objectif macro-économique. Il faut rappeler que le concept de «mise à niveau» des entreprises est né de l’expérience portugaise (1988).

La Tunisie a lancé son programme de mise à niveau en 1996 qui a concerné, à ce jour, près de 3 000 entreprises et le Maroc en 2002 avec quelque 500 entreprises à ce jour. La mise en œuvre de ces programmes a combiné de manière assez efficace un interventionnisme étatique et des initiatives décentralisées, notamment de la part des secteurs bancaire et manufacturier que l’Etat a encouragés à dialoguer, à coopérer dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP).

Le programme de mise à niveau en tant que concept est un processus continu qui vise à aider l’entreprise à s’adapter aux exigences de l’ouverture économique, de la concurrence et du libre échange. Mais l’environnement de cette entreprise est aussi concerné par le programme de mise à niveau. Maîtrise des coûts, amélioration de la qualité, innovation, perfectionnement du management sont les objectifs ciblés par la mise à niveau des entreprises.

Dans le même temps, l’amélioration du climat des affaires (doing business), c’est-à-dire l’efficacité des institutions, la débureaucratisation des réglementations, l’allégement des procédures constituent aussi un volet du programme de mise à niveau. L’Onudi cible les objectifs suivants et insiste sur les aspects micro-économiques :

* moderniser l’environnement industriel
* renforcer les structures d’appui
* promouvoir le développement des industries compétitives
* améliorer le développement de l’entreprise industrielle

(cf. Les programmes de mise à niveau des entreprises,Agence française de développement Paris 2005). Mais ce sont, en fait, la compétitivité et les liaisons ouverture-croissance qui sont les questions que vise à résoudre la mise à niveau. Il faut souligner que ces programmes constituent, pour leurs concepteurs et leurs promoteurs, un préalable à l’ouverture et la libéralisation même progressive d’une économie : renforcer la compétitivité globale des facteurs est une action qui se situe à l’amont des mesures de démantèlement des protections tarifaires et non tarifaires.

Ce qui n’a pas été le cas pour l’économie algérienne, faut-il le rappeler. Et c’est une action qui doit être poursuivie au fur et à mesure que l’ouverture économique s’amplifie. La logique poursuivie est certes d’abord une logique micro-économique d’appui aux facteurs productifs.

Mais c’est aussi, et nous l’avons déjà souligné, une logique macro-économique d’accélération de la croissance et de création d’emplois. Compétitivité, croissance et emplois «sont au cœur des programmes de mise à niveau». Les impératifs de l’ouverture économique imposés par une mondialisation de l’économie «qui va vite» obligent à une amélioration de la productivité du travail dans les entreprises qui seule peut assurer la compétitivité et donc la croissance économique globale. Bien évidemment, l’amélioration de la productivité du travail qui suppose le progrès technique se traduit dans un premier temps par une diminution du rythme de création d’emplois.

Mais en impulsant la croissance économique sur le moyen-long terme, elle générera des occasions d’investir et donc des opportunités d’emplois de plus en plus importantes. C’est un lieu commun de rappeler que la croissance de la production et de la productivité a lieu dans les entreprises. Une étude de l’OCDE montre que l’amélioration de la productivité apparaît comme le résultat de la combinaison de trois facteurs :

1/ Le renforcement au sein de l’entreprise de l’intensité capitalistique à la fois par les investissements de capacité et des investissements de productivité (nouvelles technologies) mais aussi par l’amélioration du «niveau moyen de qualification des personnes ayant un emploi».

• Apparaît ici le premier volet d’un programme de mise à niveau des entreprises.

2/- La croissance de la productivité dans une économie passe aussi par l’entrée de nouvelles entreprises qui évincent les entreprises les moins performantes et les moins productives.

• Apparaît ici un second volet de la mise à niveau : la restructuration défensive, c’est-à-dire la liquidation des canards boiteux et des «éléphants blancs». On touche ici à la fois aux aspects micro et macroéconomiques.

3/- Enfin la productivité d’une économie est améliorée par les gains de parts de marchés que réalisent les entreprises à haute productivité (qui poussent la productivité globale vers le haut).

• Apparaît ici l’aspect sélectif des programmes de mise à niveau. Toute entreprise n’est pas automatiquement éligible à la mise à niveau. On peut alors revenir au concept de mise à niveau des entreprises et le définir comme «l’ensemble des mesures qui contribuent à l’accélération de la croissance et à la création d’emplois par un renforcement de la compétitivité des entreprises » (cf. AFD op. cit.)

On ne peut réduire un programme de mise à niveau à son application aux seules entreprises. Pour que celles-ci améliorent leur compétitivité en contexte d’ouverture économique et de concurrence accrues, il est nécessaire d’agir simultanément sur plusieurs volets complémentaires :

• Le volet qui concerne particulièrement la compétitivité des entreprises : investissement investissement de capacité, de productivité, soutien à l’innovation, formation et recyclage des collectifs de producteurs, amélioration du management.

• Le volet climat des affaires ou des actions de modernisation des procédures administratives, d’allégement des réglementations… doivent être réalisés.

• Le volet développement des infrastructures et leur modernisation nécessaires à l’activité économique.

• Le volet financier avec la modernisation- restructuration du secteur bancaire et le développement d’un marché financier.

• Le volet ressources humaines enfin, avec la modernisation du système d’éducation- formation (l’école mais aussi la formation professionnelle).

On voit bien qu’une réelle mise à niveau des entreprises est indissociable d’une mise à niveau de l’économie, l’une renforçant l’autre. L’économie algérienne, toujours en attente d’un véritable décollage à la mesure de ses grandes potentialités, accuse un grand retard à la fois dans la mise à niveau de ses entreprises mais aussi la mise à niveau de l’environnement de celles-ci. Si nouveau plan de croissance 2009-2014 il doit y avoir, c’est à ces deux programmes qu’il doit être consacré.

Abdelmadjid Bouzidi

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