Nouvelle configuration

Une nouvelle politique économique aux accents patriotiques est en train de prendre forme. Est-elle réfléchie ? Et serait-elle la bonne ? La démarche projetée veut, semble-t-il, imprimer une nouvelle gestion au secteur marchand de l’Etat, avec comme objectif central une préservation des entreprises publiques. L’UGTA ne peut que s’en réjouir. Est-ce à dire, pour autant, qu’il est question de remettre au lendemain le processus de privatisation des entités publiques ? Le gouvernement semble avoir levé un coin du voile sur ce dossier.

L’Exécutif Ouyahia vient de renoncer à la mise en vente d’un ensemble de sociétés d’Etat en difficulté. C’est le patron de la Centrale syndicale qui, en visite, il y a quatre jours, à Tizi Ouzou, qui a répandu la nouvelle. Ces entités, l’Etat pourrait les mettre sous perfusion, en attendant de voir plus clair. Il lui est également possible de négocier leur rachat avec des privés nationaux, les opérateurs étrangers faisant encore la fine bouche.

La reprise des privatisables par les nationaux est le vœu exprimé par le privé algérien depuis longtemps. S’il n’a pas été exaucé jusque-là, c’est parce que les chargés des réformes, dont fait partie la privatisation, plaçaient la barre très haut, voulaient que le produit de la privatisation soit important. Maintenant que le gouvernement a changé de cap, les sociétés promises à la vente pourraient être proposées aux nationaux, quitte à accorder à ces derniers des crédits.

Cet intérêt que l’Exécutif porte aujourd’hui au privé national est l’expression d’un patriotisme économique voulu par l’Etat. Fera-t-il recette ? Des pays rompus au libéralisme l’ont essayé, le pratiquent même. Les Etats-Unis n’ont-ils pas nationalisé les deux grandes banques impliquées dans la crise financière induite par les crédits immobiliers ? Cet exemple, qui s’inscrit en vérité en faux avec les règles du libéralisme, est à démultiplier à loisir.

En tout cas, le gouvernement d’Ouyahia semble décidé à passer la main au privé, à l’associer à la restructuration et à la reconfiguration de l’économie nationale. Cette volonté, le chef de l’Exécutif l’a signifiée au Forum des chefs d’entreprise (FCE) qu’il a reçus en fin de semaine. La rencontre a été sanctionnée par un communiqué rendu public. Ahmed Ouyahia a souligné dans ce document toute l’importance que le gouvernement accorde au privé pour la construction d’une économie solide et diversifiée.

De même qu’il a noté le rôle du secteur privé dans le cadre de la libéralisation de l’initiative et de l’ouverture sur l’économie mondiale. Est-ce le début d’une alliance entre entreprises publiques et privées ? Possible. Est-ce une privatisation toilettée ? Le processus de privatisation remonte à 1994. Il a été enclenché dans le sillage des accords conclus avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.

Il l’a été dans une conjoncture difficile, marquée par deux faits majeurs : l’Algérie disposait de maigres recettes pétrolières (4 milliards de dollars) et une partie des entreprises publiques périclitaient. De retouche en retouche, le processus a été recadré. Mais il n’a pas débouché sur ce à quoi aspiraient ses initiateurs. Toutes branches comptées, le secteur public national présente 13% seulement dans la valeur ajoutée nationale.

C’est peu. Aussi, d’aucuns disent que l’amélioration des comptes et des agrégats des entités publiques passera forcément par la privatisation. Celle-ci reste un facteur de croissance et d’investissement comme le sont les dépenses publiques et les hydrocarbures. L’autre levier dont le gouvernement a commencé à modifier la conduite, ce sont les IDE. Une série de dispositions consignées dans la loi de finances 2009 en projet actuellement a été confectionnée à cet effet. L’Algérie veut ainsi être sélective en la matière, en faisant la différence entre les bons IDE et les mauvais. Elle veut recevoir plus de devises qu’elle n’en transfère. C’est une logique économique basique.

Youcef Salami

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