Frilosités

Le débat est récurrent. Il revient ponctuellement sur la place publique via les médias à l’occasion de situations de crise ou d’événements importants qui engagent l’avenir de la société ou menacent les libertés publiques. Il revient aussi au beau milieu d’une rétrospective sur l’histoire récente du pays et sur la place et le rôle de l’intellectuel dans la vie politique et sociale de la nation.

Si l’on considère (ou l’on définit) l’intellectuel comme un producteur d’oeuvres littéraires ou plastiques, capable d’influencer le goût et l’opinion publique, on peut, sans se tromper, le définir comme un analyste des événements politiques et sociaux en raison de sa formation, de son acuité et de sa capacité à communiquer grâce au maniement habile des concepts, outils indispensables de réflexion, d’analyse et de communication.

Le débat politique est sous-tendu par des luttes d’idées où les intellectuels s’affrontent à coups de concepts abstraits. Chaque camp a ses champions, ses ténors et les médias sont le terrain (ou les supports) où les théories s’entrechoquent, quand il y a, bien sûr, liberté d’expression. Quand cette liberté n’existe pas, l’intellectuel engagé se sacrifie pour la conquérir. Si l’intellectuel est souvent sollicité par ceux qui partagent ses idées, c’est en raison, en général, de sa notoriété et de sa faculté à pouvoir toucher de larges franges de la société: sa production passée est là pour témoigner de son talent, de son courage…

Tout le monde se souvient de l’impact produit par l’opuscule fabriqué dans l’atelier infernal des officines de torture de l’armée française: la Question d’Henri Alleg fit plus d’effet sur le moral des Français qu’une légion toute entière. Que dire alors de l’Appel des 121 intellectuels groupés autour de Henri Jeanson, Jean-Paul Sartre, Georges Amand, demandant une rapide fin de la guerre d’Algérie!

Le 1er mai 1966, M’hamed Issiakhem, Kateb Yacine et beaucoup d’autres manifestèrent bruyamment leur opposition à la caporalisation du syndicat. Plus près de nous, alors qu’il était en déplacement à Paris, l’auteur de Nedjma apprit l’arrestation et les mauvais traitements infligés à un réalisateur de la télévision, syndicaliste de surcroît.

Son sang keblouti ne fit qu’un tour: il convoqua une conférence de presse où il exprima sa profonde indignation. Une escadrille de télégrammes plut sur les bureaux des responsables d’une Algérie étouffée par l’article 120.

Mais les temps changent: aujourd’hui, beaucoup d’intellectuels préfèrent rentrer dans le moule et passent leur temps à défoncer des portes ouvertes. Celui-ci reprend la vieille propagande sioniste qui fit florès de 1956 à 1967 et qui voulait faire croire que les nazis avaient trouvé refuge dans les pays arabes. Cet autre se fait plus palestinien que le palestinien et sous couvert d’une nécessité de dialogue ou brandissant le danger de la chaise vide, participe aux salons et manifestations organisés par le lobby sioniste.

Que dire alors de cet autre qui, ayant atteint le sommet de la notoriété (j’allais faire le mauvais jeu de mots en parlant de crête himalayenne), tourne le dos au combat pour la liberté de la presse qui se déroule dans son pays d’origine. Pire, cet écrivain reconnu, demande même que son nom ne soit utilisé. Précaution superflue, il a même demandé que son «e-mail» ne soit communiqué aux barbouilleurs de papier journal, de peur de recevoir sans doute un tsunami de SOS.

N’est pas Matoub Lounès ou Kateb Yacine qui veut.

Selim M’SILI

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