Epouse en pleine ire

Maître Messaoud Nouasria défend un inculpé d’abandon de famille qui prétend être divorcé.
Maîtres Gasmi Azzedine et Maître Hayet Kadi, les conseils de Fatiha H., la victime soutiennent le contraire. D’emblée, celle-ci va s’arranger pour tenter de déstabiliser Hadj Rabah Barik, le président de la section détenus de Koléa (cour de Blida).

Maître Nouasria dément l’info relative à la mise à la porte de madame et de l’enfant unique. Samir Hamel, le procureur tente d’aider le tribunal. La victime à des choses à dire au juge qui va instaurer un mini huis clos en présence des trois défenseurs. Maître Nouasria proteste contre ce procédé mais Hadj Barik l’entend d’une autre oreille: «Elle se plaint de coups et blessures et du renvoi du home», dit le juge et la victime précise: «Il nous a mis à la porte nous laissant dans le besoin.»

Les questions fusent de tous côtés. Hadj Barik mène bien la barque: «Le mari est responsable de l’état de la famille», marmonne-t-il en guise de pose de balise.

Fatiha reprend sa chute lorsqu’il l’avait agressée.

«Vous a-t-il empêchée de revenir chez vous?»

«Oui, monsieur le président», répond la dame.

L’inculpé se défend très mal et le magistrat le surveille: «Nous sommes ici pour dire la vérité», menace Hadj Barik qui gronde le détenu: «Vous n’avez aucun mérite à subvenir aux besoins de votre famille, alors ne recommencez plus dans cette attitude arrogante vis-à-vis de votre famille.» Puis, coup de théâtre: le détenu évoque la prise de cachets psychotropes. Hadj Barik le stoppe net: «Vous n’allez tout de même pas nous sortir une maladie?» L’inculpé jure que son épouse quitte souvent le home en le laissant allongé sur le sol: «J’ignore où elle va lorsqu’elle sort.» Et soudain, il appelle la petite fille de six ans. Elle arrive à la barre en pleurant. Le papa joue un coup de dés. Hadj Barik, l’en empêche. Il appelle la mineure sur le pupitre. Le dialogue juge-fillette est un drame. Maître Kadi joue à la nourrice. Elle lui essuie les larmes qui coulent sur ses joues roses.

Et voilà que le détenu sort un truc: «Mon fils est manipulé. On se sert de lui pour le transport de came.» Le procureur le somme de se taire.

Maître Gasmi plaide le premier pour la dame. Il va droit au but:
«L’inculpé n’est atteint d’aucune maladie. Il dribble en vue d’échapper au verdict d’abandon de famille. Il joue au sado-macho.»

Si la victime a dit des choses à son propos, c’est à Allah de voir. Ici, il s’agit d’absence totale d’assistance à sa famille. C’est un papa irresponsable. Il a été capable de ligoter son fils, de battre sa fille en même temps que sa mère. Toutes les familles ont des problèmes. Mais l’abandon de famille est un délit où il n’y a aucune circonstance. Il nous a appris qu’il est soumis aux cachets. Oui, mais ces cachets ne le calment pas. Ils l’excitent au point de battre les membres de la famille, sa famille.

Lui succédant, Maître Kadi va être plus brève que son aîné. Elle regrette l’absence du fils qui aurait appris les atrocités que commet son père. Il y a des déclarations sur un PV du parquet où il est question de tortures répétées carrément.

D’ailleurs, son épouse était venue ce matin pour se désister après quatorze ans de représailles. Mais elle s’est retenue et a refusé d’aller au pardon au vu du comportement du mari.

Maître Nouasria, pour le papa inculpé détenu, refuse d’aller aux sentiments. «Nous aurions aimé voir cette famille réunie de nouveau. Il y a une volonté de laisser mon client en détention. Quel abandon de famille?»

La loi est claire: un détenu est devenu muezzin. Il lance l’appel à la prière à dix heures du matin depuis les geôles: un brigadier affirme qu’il est malade par le simple fait qu’il est poursuivi pour escroquerie et a derrière lui vingt et une victimes.

L’avocat reprend sa plaidoirie en regrettant cette malheureuse situation et appelle l’épouse à plus de pondération et à cesser de dire n’importe quoi.

Abdellatif TOUALBIA

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