Houria et les autoroutes de la mer

C’est le jour J ou le youm Y que s’ouvre aujourd’hui à Paris le sommet de l’UPM, réunion de présidents qui veulent le rester. Au programme, des discussions polies, des dîners copieux, des séances de travail, des poignées de mains propres et des plans d’action.

La France, par son chef cuisinier, a présenté le menu : dépollution, sécurité, solaire et autoroutes de la mer, avec en sous-menu déguisé sous la forme d’un entremets salé, l’immigration. Si 600 millions d’euros ont été injectés dans la structure, Houria n’a mis que 50 DA, soit le prix de l’entrée sur la Méditerranée. Allongée sur une serviette de bain sur l’une des plages rive sud près d’Alger, Houria bronze.

Pas idiot puisqu’elle a acheté le journal et pense à ce que veut dire « les autoroutes de la mer » – intitulé officiel – alors qu’une auto ne peut pas prendre la route sur la mer. Les Français ne savent plus parler français, s’est-elle dit et elle a regardé vaguement à l’horizon, ce qui dans ce cas représente l’Europe. Bien sûr, comme tout le monde, elle aimerait bien y aller, Paris ou Barcelone suivant le même processus, pour goûter aux libertés que son pays lui refuse encore.

Sauf que l’UPM est aussi conçue pour fixer les populations sur leurs terres en sous-traitant la chasse aux clandestins avec les polices du Sud.A l’inverse de Houria et de tous les plagistes des mêmes rives, au niveau officiel, tout le monde a quelque chose à gagner dans l’UPM.

L’Algérie déplorera moins de harraga, révélateurs cruels d’échec du système et, en face, la France ne s’excitera plus contre ces immigrés qui viennent massivement manger ses corn-flakes. A la fin de la journée, rougie comme la honte, brûlée par le soleil, Houria a pris sa voiture et s’est dirigée vers la mer pour prendre l’autoroute. Elle a coulé. Comme son pays et ses dirigeants, qui rêvent tous de Paris en perpétuant le cauchemar à Alger.

Chawki Amari

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