Méditerranée

Et l’on reparle de la Méditerranée. C’est le thème du sommet qui se tient aujourd’hui dans la capitale française avec une quarantaine de pays, treize de plus que le processus euroméditerranéen, lancé quant à lui en novembre 1995 et mort dix années plus tard.

Mais est-ce la seule différence entre les deux processus, celui qui s’ouvre aujourd’hui entendant aller plus loin que l’autre ? Mais cela ne semble pas suffisant, l’expérience le prouve. Il ne s’agit donc pas, à vrai dire, de recenser les différences, mais dire ce qui ne va pas et surtout à quel point l’Europe n’a pas rempli sa part d’engagement. Plus exactement, l’Europe s’est affichée comme un tueur d’initiatives, la plupart venant de ce continent surtout au début de la décennie écoulée.

On disait alors que cela était lié aux divergences et même aux rivalités européennes, des pays ayant d’autres priorités. Ou encore en attendant que l’Europe se fasse, après la conclusion de l’accord de Maastricht qui en fait une véritable citadelle, avec des frontières qui se referment et ensuite le marché unique qui allait causer des pertes énormes à ceux, des pays tiers, qui voulaient baser leur prospérité sur ce marché justement.

Des productions entières étaient jetées et des revenus compromis. Ce ne sont plus des grincements de dents, mais des coups de colère que l’on entend de ce côté de la Méditerranée. Et même des drames, avec d’énormes manques à gagner.

En quoi cette union pour la Méditerranée sera-t-elle différente puisque tout l’enjeu est là et que beaucoup de pays ont accepté d’y souscrire ? Une ambition plus mesurée, dit-on, mais de quelle nature ? On parle de projets qui soient réalisables, contrairement au processus de Barcelone, bâti il est vrai sur l’enthousiasme suscité par l’accord de principe palestino-israélien.

Mais il s’est trouvé au moins un pays, l’Algérie, pour défendre un concept, celui de « zone de prospérité partagée », comme pour situer l’enjeu de ce genre de processus. Mais aussi se rendre compte, sur des non-dits, qu’après dix années, l’effort devenait vain. Et même inutile de poursuivre, l’Europe ayant entretemps lancé sa nouvelle politique de voisinage, tuant le processus de Barcelone et privant ses partenaires de leur statut de partenaire privilégié.

Avec son extension, l’Europe a de nouvelles frontières et aussi de nouveaux voisins. C’est cela, la règle de la géographie. L’Europe l’a invoquée pour rendre caduc un processus qui a nécessité beaucoup d’efforts. De la même manière, la politique arrive, ou plus que cela, permet de surmonter les obstacles quand ils apparaissent.

Et même si l’Europe a grandement modifié l’idée du chef de l’Etat français, la Méditerranée vaut bien une réelle politique. Elle cessera alors d’être cette terrible poudrière avec ses guerres et ses injustices, les flottes étrangères qui la sillonnent, ce chapelet de bases qui cernent son pourtour pour devenir réellement une passerelle entre les continents et les civilisations.

C’est ainsi que l’ont voulue ceux qui avaient esquissé les contours d’un projet pour la Méditerranée. C’était il y a moins de vingt ans. Des pays riverains avaient déjà pensé à une espèce de CSCE (conférence pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la Méditerranée.

T. Hocine

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