Qui dit oui qui dit non…

Et si Sarkozy va organiser le banquet le plus improbable de la diplomatie méditerranéenne depuis le Sommet de Madrid en 1991, l’Algérie ne saura pas à quelle place elle aura droit.

Sarkozy, qui aime les triomphes visibles, a dû jubiler à l’annonce de la réponse de Bouteflika : “Oui, je viendrai à Paris”, a dit le président algérien mettant fin à de faux suspenses dont seul le président français est sorti bénéficiaire.

Paris a donc réussi le grand écart parfait en réunissant le récalcitrant Bouteflika, l’indésirable Al-Assad et l’infréquentable Olmert. Un casting de choix pour la grand-messe de l’UPM, avec un défilé militaire du 14 juillet et cerise sur le gâteau, Ingrid Betancourt en Jeanne d’Arc sortie de la jungle colombienne.

Les spécialistes de la Com n’auront pas pu rêver à un meilleur plateau. Sarkozy, qui tient à l’UPM comme une mère qui accouche de son enfant, a fait une démonstration de marketing politique qui doit faire pâlir de jalousie Angela Merkel ou George Bush. Tant mieux pour lui et pour le prestige d’une France qui compense son absence diplomatique par une communication frénétique.

Et Bouteflika dans tout cela ? Il faut admettre que le président algérien s’éclipse pour laisser le beau rôle à son hôte, mais aura perdu la bataille de l’image. Il concède la force de conviction à Sarkozy sans dévoiler les contreparties. Sauf, s’il y en a aucune. Et si Sarkozy va organiser le banquet le plus improbable de la diplomatie méditerranéenne depuis le Sommet de Madrid en 1991, l’Algérie ne saura pas à quelle place elle aura droit.

Si par mégarde ou protocole sadique, Bouteflika sera le voisin de table d’Olmert, c’est toute la stratégie du président algérien qui s’en trouvera défaillante. Pourquoi demeurer pendant des années le chantre de l’antinormalisation avec Israël, faire semblant de ne pas avoir serré la main d’Ehud Barak pour, en définitive, s’asseoir aux côtés de celui qui a été le dauphin et le bras droit d’Ariel Sharon ? Pourquoi tant de réponses défavorables aux émissaires américains qui parlaient de normalisation avec Israël pour offrir au seul Sarkozy, une apothéose de cette envergure ?

Si Bachar Al-Assad a des choses à se faire pardonner en venant à Paris, Bouteflika n’en a aucune vis-à-vis de la France. Des concessions à la pelle pour ne pas s’attirer les foudres de la communauté internationale en cas de troisième mandat ?

Cela pourrait être une réponse plausible même si les médias français se sont rués contre le président Boutefllika, coupable à leurs yeux, d’avoir fait traîner le sacre diplomatique de Sarkozy. Au point où l’indélicate AFP dit que le président algérien a dit oui “après s’être fait tirer l’oreille pendant des mois en multipliant les réserves à l’endroit de ce projet phare du président français”. Bouteflika a été piégé par sa propre communication.

Mounir Boudjema

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