Gouvernement : coaching et prolongations

Dans l’ordre actuel, les remplacements de premiers ministres n’ont pas de signification politique. C’est, pour rester dans le langage sportif de Ouyahia, une simple question de coaching. Le RND vient de gagner un match contre le FLN. On ne sait qui des deux est l’USMA et qui est le Mouloudia, mais on peut donc prévoir que, conformément aux règles du jeu de la ligue des champions maison, ils vont redevenir amis.

Comme en électricité, nous sommes devant un même courant, un courant alternatif qui se confond dans ses effets continus. Ouyahia, qui dit vouloir “faire son job” et “exercer pleinement sa fonction de Chef du gouvernement”, a donné des indications sur ce que le remplaçant doit faire et que le remplacé n’était pas sûr de réussir pour sauver ce qui peut l’être du programme du Président. En supposant que son échec n’est pas inscrit dans ce programme lui-même.

La première est d’accélérer les chantiers en attente et de faire valoir la réussite des projets programmés, comme il l’a fait dès sa conférence de presse, à propos de l’autoroute Est-Ouest et du programme de logements. La seconde sera probablement de faire la démonstration, à une population excédée par l’impunité du crime et par les abus de la mafia, que la loi va s’appliquer avec plus de rigueur.

Le moratoire tacite depuis 1993 sur la peine de mort risque donc d’être levé contre les violeurs et assassins de mineurs et les auteurs de grands détournements. On sait Ouyahia capable de sévir. Pas seulement contre les crimes de délinquances sexuelles et mafieuses.

Au-delà du débat philosophique sur la peine capitale, on remarquera que si celle-ci doit être à nouveau exécutoire, le moratoire n’aura été, involontairement ou non, respecté que le temps de sauver les vies de terroristes condamnés.

S’agissant de moraliser la gestion du patrimoine public et d’assainir le monde des affaires, les scandales portés sur la scène publique le prouvent : ce sont généralement des “proches” du sérail qui sont les instigateurs ou les facilitateurs intéressés de ces opérations qui enrichissent les “familles” et ruinent l’État. On ne voit pas comment le Chef du gouvernement, qui dit ne pas être Clint Eastwood, pourrait ramener l’ordre dans le Trésor public sans changer le système western, un système qui lui-même base son équilibre sur le clientélisme et le conservatisme des clans organisés.

En troisième lieu, le Premier ministre est chargé de la prévention des révoltes, le mécontentement social et le honteux phénomène de harragas. Pour l’heure, il envisage la relance des crédits aux jeunes chômeurs, comme le dénote l’ordre du jour de son premier Conseil de gouvernement. Est-ce suffisant ?

Enfin, Ouyahia devra réconcilier la résistance et… la réconciliation. Son évocation, au congrès du RND, de Benhamouda et Zeroual et l’hommage aux Patriotes en sont les signes. Ici se lit le constat d’échec et la volonté de noyer le fiasco de la réconcilation dans un nouveau slogan : “résistance et réconciliation, même combat”.

Ce n’est pas un programme que Ouyahia prétend sauver, mais les meubles. Et les prolongations.
Contre cette prouesse, il aura le droit de se préparer au prochain match, comme il l’a indiqué à ses militants, pour 2012.

Mustapha Hammouche

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