L’UPM sans les Africains ?

Le président Bouteflika devait se rendre aujourd’hui en Egypte pour prendre part au 11e sommet de l’Union africaine dont les travaux se dérouleront les lundi et mardi prochains à Charm El-Cheikh. Bien qu’importante, la réunion africaine est loin de susciter dans les médias nationaux le même type d’intérêt que la rencontre parisienne du 13 juillet qui doit en principe procéder au lancement d’une problématique union pour la Méditerranée (UPM). Une UPM qui finit, parce que mal pensée, par inquiéter tout le monde mis à part Paris et Tel-Aviv. L’annonce du projet avait dressé Angela Merkel sur ses ergots. Le rugissement de la chancelière allemande était tellement puissant, tellement déroutant que Sarkozy se résigna vite à satisfaire la volonté teutonne et à associer toute l’Europe au projet, alors qu’initialement le club était restreint aux seuls riverains du bassin méditerranéen. L’amendement au nom de la préservation de l’unité européenne donna un déséquilibre flagrant au détriment des pays du sud de la Méditerranée puisqu’il mettait 27 pays européens face à une poignée de pays nord-africains. Il n’y a pas eu de Merkel africain pour imposer l’intégration du reste des pays de l’Union africaine à l’UPM et encore moins de Merkel arabe pour y imposer le reste des pays de la Ligue arabe. Bien sûr, le leader libyen Mouammar El-Gueddafi, n’a pas manqué de critiquer une union qui telle que conçue ne pouvait, à ses yeux, que contribuer à des fissures supplémentaires aussi bien dans le monde arabe que dans le corps africain. Mais personne d’autre n’évoqua le déséquilibre et ses dangers, même si les pays de la rive sud avouaient ne pas trop saisir le projet et réclamaient des «clarifications». Cependant, dans nos pays africains et arabes, et bien que les raisons différent, les inquiétudes existent bel et bien. L’Afrique du Sud, l’un des principaux partenaires de l’Algérie qui se trouve être l’un des piliers du Nepad, avait laissé percer ses préoccupations dès l’annonce de l’UPM. Plus récemment, le président sénégalais Abdoulaye Wade, que personne ne peut soupçonner de vouloir torpiller les intérêts de la France, donnait libre cours à sa crainte sur les possibles conséquences négatives de l’UPM sur l’Afrique. Wade dit tout haut ce que d’autres murmurent : le projet de Sarkozy isolera l’Afrique au sud du Sahara. Après l’échec du Grand Moyen-Orient, on avance une autre stratégie qui consisterait à «créer une sorte de communauté méditerranéenne, qui va intégrer les pays africains de l’Afrique du Nord à l’Europe». Le président sénégalais a-t-il tort de soupçonner, à l’instar de beaucoup d’Algériens, l’UPM de vouloir arrimer le Maghreb à l’Europe et que, par conséquent, elle le détournera de sa double appartenance arabe et africaine, son socle naturel ? Et puis, pourquoi les portes de l’UPM ne s’ouvriraient-elles pas aux candidatures africaines à partir du moment où elles se sont déjà ouvertes à des pays d’Europe qui n’ont rien à voir avec la Méditerranée ? Pourquoi Abdoulaye Wade et ses pairs africains n’opposeraient-ils pas leur veto comme le fit Merkel ? Une dame qui a certainement plus de considération pour l’Afrique que le père de l’UPM, si l’on se refère à son discours de Dakar. Une dame qui jouit également d’une grande considération en Afrique comme on le verra les 16 et 17 juillet prochain à Alger.

Mohamed Zaâf

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