Cap Djinet ou le réalisme fantastique

Le projet de Rebrab à Cap Djinet, même s’il ne bénéficie plus des faveurs du scoop et de l’information d’une extrême fraîcheur, est d’une telle envergure qu’il mérite qu’on exhume en son honneur la bonne vieille formule de «tâche d’édification nationale», évidemment délestée de la charge idéologique qu’elle colportait durant les années 70.

Cette enseigne lui sied tel un qualifiant sur mesure, sous deux auréoles différentes mais qui se rejoignent dans la mise en œuvre, la trempe en soi du projet, ensuite sa prise en charge sous le sceau de la volonté politique.

Projet éminemment moderne et novateur s’il en est, Cap Djinet tel qu’injecté dans le futur par le patron de Cevital est d’une dimension pour laquelle les épithètes de «titanesque» et de «pharaonique» et autres termes puisés dans le lexique de la démesure réaliste, tant dans les infrastructures à construire (hub portuaire de rang non seulement régional mais mondial, usines, complexes industriels, labos, routes et structures d’accompagnement) que dans l’impact non seulement sur la région, mais également sur le pays entier, en matière d’emploi (un million de postes directs ou indirects seront sécrétés par cette dynamique économique), de gains multiformes pour l’Algérie, et surtout par l’effet d’entraînement que ne manquera pas de susciter cette zone une fois lancée, dans la mise en place d’un tissu industriel et la naissance d’une multitude de «sous-pôles» induits par ce pôle gigantesque, érigé en matrice de développement local, mais de profit national.

Pour ce qui est de la volonté politique, l’expression n’est évidemment pas à saisir dans son acception politicienne, mais pour que ce projet privé, d’un poids considérable au seul vu de l’impressionnant montage financier, puisse bénéficier des pouvoirs publics de la même attention, du même soutien et des mêmes facilitations que celles habituellement accordées aux grands chantiers structurants du secteur public.

Après tout, au moment de glaner les fruits d’un grand projet, sur le plan de l’emploi, de la dynamique et des débouchés commerciaux et financiers, cet impact ne porte pas sur son front la mention «privé» ou «étatique». Ce qui profite à la nation ne s’embarrasse nullement de la nature juridique, privée ou publique, de l’entreprise ou groupe qui produit l’impact bénéfique pour la collectivité.

Ce n’est donc pas un hasard ni un effet de manches langagier si l’on utilise le sceau de «tâche d’édification nationale» pour qualifier cet immense projet d’investissement. Cette formule, une fois qu’on en extirpe la part restrictive qui la confine au seul secteur d’Etat, peut servir de support moral, donc de socle politique, à l’accompagnement de cette utopie au contenu bien réel et réalisable, (qui fait penser à un style littéraire d’Amérique latine, le «réalisme fantastique»), pour sa mise en route à Cap Djinet, le plus tôt étant le mieux pour le groupe Cevital, donc pour l’Algérie.

Il faut dire que ce n’est pas tous les jours que l’agence des investissements reçoit pour donner son aval, des projets à trente milliards de dollars. A bien regarder, il s’agit non seulement d’une «tâche d’édification nationale», mais aussi d’une chance historique. A ce titre, elle est à ne pas rater.

Nadjib Stambouli

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