Fillon, en vitesse

J’en connais qui seraient aux anges si les touristes débarquaient à Alger avec la même fréquence que les ministres français. Même au temps de Jacques Chirac, ami de tous les demandeurs de visas, l’Algérie n’a été autant sollicitée par le pouvoir politique français. Si la structure des échanges commerciaux condamne ces deux pays, liés par une histoire douloureuse, à être des partenaires complémentaires, les contentieux demeurent lourds à gérer entre les deux partenaires.

Beaucoup de questions restent en suspens et notamment le problème des excuses officielles de l’Etat français sur les crimes coloniaux commis sur cette terre abondamment abreuvée du sang de ses fils. Au moment même où Nicolas Sarkozy va faire une énième génuflexion devant le mémorial de l’Holocauste en Israël, au moment même où M.Brice Hortefeux, ministre des tests ADN et des reconduites forcées à la frontière, (euphémisme employé pour désigner les expulsions) se frotte les mains de satisfaction devant les résultats affichés par ses services, au moment même où Hugo Chavez dénonce la directive européenne sur les sans-papiers menaçant même la communauté de représailles économiques, au moment même où le vieux Castro condamne sans mâcher ses mots, le vote du Parlement européen, il y a lieu de s’interroger en premier lieu sur la position du pouvoir politique algérien.

La première remarque est la cadence surprenante des ministres français dans les pays arabes: que ce soit au Liban, en Algérie, en Palestine, en Egypte ou en Tunisie, Sarkozy multiplie les initiatives pour redonner à la France, la place qu’elle n’a pas cherché à garder dans les relations internationales. Il faut dire que la langue fourchue est à l’origine de tous les échecs des multiples tentatives pour rapprocher les deux bords de la Méditerranée.

Le contentieux historique, l’alignement français sur les positions américaines et israéliennes ont amené naturellement le divorce qui existe entre les souhaits et la réalité amère. L’importance du rôle d’un pays est souvent illustrée par le nombre et la cadence des visites qu’il reçoit. Il n’est pas inutile de rappeler que presque tous les ministres français (à part celui de l’identité nationale, Brice Hortefeux, bien entendu), ont défilé à Alger, amenant chacun une brique à un édifice qui reste long à construire.

La nature et la structure des besoins des deux pays sont à l’origine de cet intérêt mutuel que s’accordent les deux pays. Les hydrocarbures pour la France, des investissements pour l’Algérie, tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes si, à côté, ne subsistaient des nuages dans le ciel des relations bilatérales: l’alignement de Paris sur Rabat dans la question du Sahara occidental, l’inefficacité des initiatives françaises ou européennes pour la création d’un Etat palestinien, la priorité donnée au Maroc et à la Tunisie pour les investissements français, sanctionnent durement le deuxième pays francophone au monde.

Il faut se poser davantage la question de savoir, si le pays qui abrite une population d’une grande communauté d’origine maghrébine et que dans cette communauté les Algériens sont assurément les plus nombreux, tient compte de ce facteur important. La réponse est certainement positive puisque depuis une année, les visites de ministres français se succèdent avec à la clé la signature d’accords qui seront ou ne seront pas concrétisés, c’est selon le climat politique qui règnera demain.

Ce qui est sûr, c’est que l’Algérie d’aujourd’hui, désendettée, bénéficiant d’un matelas de réserves financières et souffrant d’un tissu industriel ténu et rachitique, présente l’aspect d’un pays presque pacifié prêt à consommer. C’est la raison pour laquelle les visiteurs se bousculent au portillon.

Selim M’SILI

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