Conteneurs de bananes et d’élections françaises

Avec le rétrécissement des territoires de l’humour sous un système rigoriste hors d’âge, pointé ici la semaine dernière, les Algériennes et Algériens vivent heureusement aussi, via leurs écrans toujours plus élargis (et plus chers) de télévision, les feuilletons de meurs politiques des autres nations.

Le deal est un peu celui-ci : si ni les frasques de nos gouvernants ni la pudibonde voilée ENTV ne peuvent nous redonner le sourire de l’humour, voyons ce qu’il y a ailleurs. Et ailleurs – toujours plus ouvert par les nouveaux médias - est un festin infini pour l’œil, et tous les sens. Mais aussi d’abord celui de construire les droits de citoyenneté.

Celui de pratiquer, comme par procuration non vraiment délivrée, le pouvoir de triturer des affaires qui ne les regardent pas vraiment, diront certains ; tout en étant les leurs dans le fond, en partie du moins. Il en va ainsi surtout des moments où la France se met à voter. Les convulsions de ces moments secouent nombre d’Algériens aussi.

Car les manèges des soirées électorales balancées sur les télés françaises offrent d’abord - dans le repaire encore non violé de l’espace privé – l’idée de ce qui s’appelle vraiment voter. Vraiment voter : voilà le seul produit encore impossible d’importation. Alors que, par exemple, à profusion et partout en Algérie la banane importée d’Afrique subsaharienne, voire de Colombie, coûte moins chère - en leur saison principale - que l’orange de la Mitidja ou la figue fraîche de Kabylie.

Ces manèges de télés des autres portent des échos aussi de la charge des diasporas algériennes vivantes au sein de l’Hexagone ; dans le fond ô combien différentes du magma que l’Amicale des Algériens en Europe du FLN a voulu prétendre truster des décennies durant.

Les individualités de ces diasporas, si différenciées d’époque d’arrivée, de statut « décroché », ou tout simplement des capacités d’immersion, leurs parcours vus d’Algérie sont comme des tests. Ou des synopsis d’une autre vie à portée de vue. Electeurs ou candidats d’élections, quelque part leur prix est forcément plus élevé que nos bananes d’importation.

Belkacem Mostefaoui

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