En guise de vœux

Dans un pays qui ne sait pas de quoi demain, au sens littéral, sera fait, le pouvoir impose le débat anticipé sur une rallonge de mandat. Des sujets sous-jacents à cette question nous occupent : Belkhadem va-t-il résister à l’assaut d’autres amis apparatchiks ? Soltani et Ouyahia vont-ils dénoncer la sainte alliance ?

La virtualité d’un Conseil des ministres de fin d’année nous tenait en haleine. Nous, commentateurs, n’arrivons pas encore à accepter que, là-haut, on puisse avoir mieux à faire qu’à réagir à nos ridicules pronostics au sujet d’une institution devenue optionnelle. Peut-être avons-nous besoin de forcer l’hypothèse d’une rationalité politique pour justifier nos alimentaires élucubrations.

Un régime qui décide de ce qu’est l’opinion ne peut pas s’embarrasser de satisfaire une attente de chroniqueur quand, à l’occasion, il ne s’embarrasse point d’ignorer la Constitution.

Sigle d’une épopée populaire détourné et disputé par les clans, le FLN suspend le pays à la résolution de ses crises récurrentes. Objet de convoitises de sectes, il a condamné, définitivement semble-t-il, le pays à vivre dans un coup d’État permanent, lui-même jalonné d’internes coups d’État à répétition. Ce qui fait que les soubresauts d’un parti, pour lequel une infime minorité vote encore, tiennent en haleine le pays entier. Suspendu à l’issue d’empoignades de sérail, ce pays-là n’a que l’impuissance de scruter le résultat de scènes de ménage. Pendant ce temps, sa situation se dégrade piteusement. Au point où l’État s’interdit les bilans. Pourtant, les indications qui lui échappent, du fait du fonctionnement par inertie de certaines institutions, appellent toutes à l’arrêt de cette course à la débâcle.

Les scandales financiers et fonciers ont à ce point proliféré que la décennie en cours mérite le titre de décennie noire de la corruption. Des programmes de gouvernement sont indéfiniment réédités sans jamais parvenir à leur issue : réformes de la justice, de l’éducation, de l’administration, relance de l’économie… Quel signe voit-on venir qui préfigure de l’indépendance des magistrats, de l’ouverture de l’école ou de la fin de la bureaucratie ? Les jeunes désespèrent du minimum, un toit et une occupation. Les plus découragés se résolvent à entreprendre la plus suicidaire des folies. En une année, mille cinq cents harragas ont été interceptés et quatre-vingts cadavres repêchés. Combien ont-ils été à aller s’échouer sur l’autre rive ?

Plus “chanceux”, puisqu’ils disposent d’une charte qui les choit, d’autres ont été peupler les maquis terroristes. Inutile de rappeler tous les carnages qui ont fait de 2007 une de nos années les plus sanglantes.

Il eut fallu, par quelque logique aussi inédite qu’étrange, que le pouvoir se mette à faire valoir l’échec pour, après avoir été à l’origine de cette régression multiforme, qu’il puisse avoir aussi sereinement posé, par anticipation, la question de la pérennité de son régime.

Alors qu’en bas, les gens qui connaissent leur condition partagée et qui appréhendent les épreuves faites de cherté de la vie et de précarité sécuritaire, et qui s’annoncent à brève échéance, éprouvent quelque malaise à se souhaiter la bonne année. Meilleurs vœux, tout de même !

Mustapha Hammouche

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It