Notre huile dans notre semoule

En attendant que les hostilités électorales soient réellement ouvertes ce jeudi, premier jour de la campagne, Belkhadem, au vu de sa double posture de chef du Gouvernement (même s’il ne s’exprimait pas sous cette casquette) et de patron du parti dominant, a donné hier le « la » et le véritable top départ à la compétition visant les sièges des APC et APW.

En fait, le FLN, en vertu de son capital expérience « unique », ne s’est jamais départi de cette préoccupation, vu que le SG du parti n’a eu de cesse d’exhorter ses troupes militantes à ne jamais perdre de vue la relation avec les citoyens et de ne jamais lâcher prise quant à la présence de proximité.

Cela se reflète bien entendu directement sur les scores de ce parti dans les récents scrutins. Cependant, quitte à ressasser un constat qui n’aurait pas été répété si le besoin ne s’en était pas fait ressentir, nous voyons encore une fois que les problèmes du citoyen, donc ceux de l’électeur, sont élagués au profit de considérations strictement politiciennes, étalées sous forme de chiffres plus ou moins triomphalistes et de pronostics tout aussi auto-glorifiants, et ces tares préélectorales ne sont bien sûr pas du seul fait du FLN, mais de toutes les formations politiques.

Et pourtant, ce n’est pas la matière qui manque, pour conforter les argumentaires de campagne autrement que par des promesses creuses, tant la misère et le sous-développement sont criants dans les localités de l’intérieur. Contrairement à ce qu’arborent les nouvelles, au demeurant fondées, sur les réserves de change et sur l’immense potentiel budgétaire de l’Algérie, nombreuses sont les communes où la population crie famine et où les jeunes n’ont même pas une unité de production ou autre organisme où adresser une demande d’emploi.

Dans certaines communes la situation est réellement critique, et cette pauvreté n’est pas, contrairement à une idée reçue et tenace, le monopole des seules régions du Sud et des Hauts-Plateaux. Au Centre-Ouest, dans les Aurès et dans la Kabylie trop souvent présentée sous l’image trompeuse d’une région où règne joie de vivre et opulence, des villages entiers n’ont ni eau courante ni gaz de ville (de montagne ?), et les habitants redoutent l’hiver comme une terrible calamité froide et glaciale, avec ses routes coupées et la cessation de tout approvisionnement de nourriture ou d’élément chauffant.

D’ailleurs, sans aller dans les zones plus ou moins reculées, un petit tour dans la proche périphérie de la capitale serait édifiant quant à la déliquescence qui règne dans les quartiers où sévissent chômage et saletés étalées au grand jour et ce, pour peu que le visiteur, responsable ou pas, prenne la peine de s’éloigner de quelques mètres seulement de l’avenue centrale ou du pourtour immédiat de la mairie.

A Alger même, on peut sans effort découvrir des zones enclavées et de non droit, des zones marginalisées où d’ailleurs les bidonvilles se seront remis à pousser comme des champignons, la plupart des « bâtisseurs » étant convaincus, pas toujours à tort, que c’est la seule manière d’être attributaire d’un logement décent, le plus souvent à revendre.

C’est entre candidats, dans une ambiance du style «notre huile dans notre semoule », et loin de ces cloaques et ces régions sinistrées tout au long de l’année, où pourtant vivent des êtres humains qui ne sont pas moins Algériens que les candidats et leurs leaders, que s’annonce la campagne électorale, avec plein de meetings et plein de promesses…

Nadjib Stambouli

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