Les insultes les plus faciles
Ramadan a commencé, à Alger, sous les signes de l’été indien : chaudes journées mais sans excès, soleil brûlant, ombre fraîche sous les arbres ou sous les murs, luminosité mûrie comme les tentes des fruits restés trop longtemps sur leurs branches et partout cette impression que les couleurs tournent aux teintes du miel. Barkat a choisi de sortir sur le terrain juste avant Ramadan, inutile finasserie pour laisser l’impression qu’il s’est bougé en pleine crise de plein de choses qui nous regardent directement comme celle du lait et de la patate et en pleine crise de plein de choses qui ne regardent que le pouvoir et le FIS et que nous discutons pour mieux comprendre, pour ne pas mourir bête au petit matin de faim du premier ni mourir bête sous les couteaux du second.
Et il s’est permis des choses, Barkat. Parler aux Algériens sur ce ton méprisant. Oui, bien sûr, nous l’aurons notre lait et notre pain au même prix, comme s’il nous faisait la charité de ce lait et de ce pain. Nous aurions peut-être réagi autrement si nous ne savions que Barkat a pour seul génie de mettre les milliers de milliards des fonds et des caisses agricoles à la libre disposition de ses sponsors dans l’impunité la plus absolue comme le prouve déjà l’affaire de la Générale des concessions agricoles. Il fait sa tournée entre Blida et Tipaza mais ne pointe pas le nez chez ces montagnards qui veinent de tout perdre dans les incendies. Tout ! Et qui ont tout supporté depuis 1954. Ce n‘est pas grave. Les terroristes nous explosent. Les ministres nous insultent. Le pouvoir nous méprise et croit nous avoir déjà «réglés». Il se réveille à notre existence quand les terroristes nous explosent trop près de lui. Il nous presse de jouer aux indicateurs et aux patriotes pour la survie du pouvoir des Barkat qui nous insulte, de Saïdani, des Temmar, des Khelil, des Ould Abbbès et compagnie. Mourir pour ces gens en plein été indien, c’est moche.