Pourquoi se priver ?

Pourquoi pas ? La question se pose d’elle-même à la lecture du papier de Sofiane Aït Iflis sur la gestion des œuvres sociales de Sonelgaz. Des fonds destinés aux travailleurs et, en principe, consacrés à leur alléger les charges de l’existence et, cerise sur le gâteau, organiser des colonies de vacances pour les enfants des ouvriers et des plantons. Encore faut-il que les aides ne dépassent pas le plafond de trois mille dinars quand elles sont directes ! Cela, c’est les principes.
Les militants syndicaux et les élus des travailleurs devraient veiller strictement au respect de ces quelques règles élémentaires et en tout cas s’y soumettre. Mais, je vous le répète : pourquoi pas ? On se sert à des niveaux autrement plus élevés dans d’autres secteurs. Tout le monde le sait. Le sport national, vous le savez, c’est de tirer profit du poste qu’on occupe. Quand on dispose de marchés juteux, on encaisse. Pour tout. Mais quand on n’occupe pas ces postes que faire ? Piquer petitement dans la caisse, faire travailler ses méninges pour accéder à quelques miettes, détourner là où on peut. Pourquoi tous les autres ont-ils droit aux fausses factures, aux factures fantaisistes, à la surfacturation et à toutes les autres recettes de la prédation ? Alors le comportement des responsables de ce fonds social et des bénéficiaires de ces «largesses», devient anecdotique, sans intérêt. Par contre nous devrions, peut-être, faire attention à la portée symbolique. Cette affaire montre à l’évidence l’ampleur pratique de la gangrène. Vous avez beau vous dire qu’elle est générale, sans rémission, métastasée, vous restez quand même pantois devant les formes inattendues qu’elle arrive à prendre. Le pays a produit du génie en matière de corruption et de prédation. Les maffias du monde peuvent aller se rhabiller et les scénaristes venir prendre des leçons en matière de coups tordus. Ne me demandez pas comment l’Etat en est arrivé là. Vous n’avez qu’à reprendre la chronologie de ces «exploits».

MOHAMED BOUHAMIDI