FEU A VOLONTE PRESIDENTIELLE !
«Vends théière en étain. Excellent état. Très peu servie.
Affaire à saisir. Prix sacrifié.»
40 millions hors taxes
Si la gouvernance actuelle était un couscoussier, elle serait en train de prendre l’eau par tous les trous de cet ustensile. Sinon, comment comprendre ce qui s’est passé au Sénat ces dernières heures ? Voilà un homme tranquille, Belkhadem. Il prend sa voiture le matin.
Tranquillement. Il tourne la clé de contact, emballe le moteur et se dirige vers la Chambre haute après avoir passé une nuit tranquille dans sa chambre à lui. Abdelaziz II chantonne gaiement. Eh oui ! Une virée vers le Sénat, c’est la randonnée pépère par excellence. C’est le voyage d’agrément de chez agrément ! Plus tranquille que ça, c’est carrément la maison de retraite dans un canton suisse dont les accès auraient été bloqués par la neige.
Notre coordinateur du gouvernement, en garant sa voiture dans un parking tranquille, ne se doutait sûrement pas que ce lundi allait devenir un cauchemar. Chef d’un parti dont le président est Abdelaziz I, parti faisant lui-même partie d’une Alliance présidentielle dont le seul programme est de dire et de répéter qu’elle soutient le moindre battement de cils de Abdekka, Abdelaziz II s’assoie donc dans un fauteuil et attend, tranquille, que les sénateurs débattent tranquillement de son programme.
Comme il est de tradition en ces lieux éternellement tranquilles. Et là, ne voilàt-il pas que l’imperturbable Monsieur Belkhadem sent son sang se glacer et ses oreilles bourdonner lorsque lui parviennent par vagues les assauts pas si tranquilles que cela des députés du tiers présidentiel. Même mes amis du RCD, à leur tête Noureddine Aït Hammouda, n’auraient pas tiré autant de rafales meurtrières sur le «pôvre» Abdelaziz II.
Les femmes et les hommes du président, si ! Ils ont vidé leur cartouchière sur le chef du gouvernement, n’arrêtant leurs staccatos que lorsqu’ils eurent confirmation que l’homme était terrassé, ou du moins à l’agonie. Et dans cette exécution, il s’est une nouvelle fois confirmé ce que nous savions depuis la nuit des temps : les amazones sont les plus féroces à l’ouvrage. Ainsi, la randonnée champêtre et bucolique de l’ex-monsieur tranquille, Belkhadem s’est transformée en calvaire, en punition sévère, en lapidation publique.
Que s’est-il donc passé pour que le plus fervent, le plus zélé, le plus acharné défenseur de Abdekka soit flingué en direct par le commando présidentiel siégeant au Sénat ? Qui a lâché les Ninjettes et les Ninjas portant écusson «Abdekka» sur Belkhadem ? Je ne sais pas. Je ne veux même pas savoir.
Pour une raison toute simple. Je ne mange pas de ce couscous-là. Les odeurs que dégage le couscoussier me font penser aux banquets organisés par Néron, repas gargantuesques à la fin desquels les disgraciés mouraient empoisonnés. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.