En entamant sa présentation devant l’Assemblée, le Chef du gouvernement a rappelé que son programme “tire son essence du programme du président de la République”. La précision vaut mise en garde pour d’éventuels députés qui éprouveraient la tentation de s’opposer à son texte.
Les voix de l’alliance suffiront à avaliser le projet de Belkhadem, mais si l’opposition, même à ce point minoritaire, pouvait s’abstenir de s’opposer… Élus malgré une massive abstention de l’électorat, les nouveaux députés ne sont pas en position de trop contester, même s’ils le voulaient, l’ordre établi. La rumeur faisant état d’un autre remaniement d’ici la fin de l’année, autant garder intactes ses chances de venir renforcer l’équipe en place.
Le programme en question n’a pas beaucoup changé. Celui de 2004 est venu prolonger celui de 1999. Et les différents gouvernements ont, depuis toujours, pris en charge ce même programme évolutif. Donc, réformes. Réforme de l’éducation, réforme de la justice, réforme de l’État. La première va bien puisqu’il suffit de 44% de taux de réussite au BEM pour que la tutelle y voit la preuve du succès de la réforme de l’école ; la seconde a été si bien menée que les avocats, se demandant à quoi ils servent, se sont mis en grève pour s’assurer qu’il reste, en matière de droits, quelque chose à défendre ; et la troisième, la réforme de l’État, doit probablement se dérouler à notre insu puisque bien malin qui en voit des signes.
Outres les réformes, il y a la relance économique. Le programme de soutien à la relance se poursuit et se dilate. De cinquante milliards de dollars, il est passé à cinquante-cinq, soixante, quatre-vingts et probablement plus de cent milliards actuellement. Ses effets, par contre, sont plus difficiles à estimer.
Les grands chantiers vont bon train. Le métro sera prêt “à temps” en 2008, dit la tutelle. Pourtant, ce n’est pas la date prévue pour son inauguration quand le projet fut lancé en… 1982. On ne sait pas encore si le million d’emplois et le million de logements sont toujours à l’ordre du jour, mais on sait que les agences de recrutement ont récemment subi l’envahissement des chômeurs de Hassi-Messaoud et que chaque distribution de logements sociaux donne lieu à une agitation locale.
Si les programmes se suivent et se ressemblent, s’il faut les répéter faute de pouvoir les varier, il reste le Programme : la réconciliation nationale.
Projet infini, sans calendrier. Sa forme juridique le borne d’intervalles, mais sa mise en œuvre politique ne peut pas tenir compte de cette contrainte, de forme en effet.
Il y a peut-être encore des terroristes à libérer. Il y en a un à sortir de prison en Slovaquie, une bonne vingtaine à extraire du camp de Guantanamo. Les premiers libérés d’entre eux préfèrent être remis à l’Albanie, mais d’après Me Ksentini, sentinelle nationale et officielle des droits de l’Homme, on ne désespère pas de pouvoir leur appliquer la charte pour la réconciliation.
L’Algérie a un nouveau programme, le même que l’ancien. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, on ne change pas un programme qui réussit. Et comme on n’arrête pas le progrès, on n’arrête pas la réconciliation.
Mustapha Hammouche
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on Dimanche, juin 24th, 2007 at 8:06 and is filed under L'édito.
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