Changement et affaires courantes

Nous avons fini par l’avoir, notre séance inaugurale d’Assemblée nationale. En retard, après quatre jours d’“anticonstitutionnalité”, mais nous avons fini par l’avoir. “Normal !” On n’en est pas à quatre jours près dans la vie d’une nation.

Et puis nous avons fini par l’avoir, notre président de l’Assemblée nationale. Avec un peu plus de vingt-quatre heures d’“anticonstitutionnalité”, puisqu’il était en même temps ministre et président de l’APN de jeudi à vendredi soir. Mais qu’est-ce que vingt-quatre heures dans la vie d’une nation ? D’autant plus que la présidence de l’Assemblée a connu une nette évolution dans le curriculum vitae, même si le profil psycho-politique n’a pas trop changé.

Les canaux résiduels d’expression s’étaient émus de ces injures faites à la loi fondamentale. Avant d’enregistrer avec l’aplomb du pointeur la succession de laborieuses procédures républicaines et de passer sur les retards accusés par la mise en œuvre des résultats de l’élection législative. Faute de surprises politiques, et comme rien n’évolue au royaume du système, ce sont les impatiences induites par le rythme tropical du fonctionnement institutionnel qui constituent, l’une après l’autre, l’événement.

Désormais, nous restons en attente de la constitution d’un gouvernement qui viendra remplacer celui “chargé d’expédier les affaires courantes”. Et nous aurons peut-être tout le délai nécessaire aux distrayantes supputations pronostiques qui nous occuperont pour les jours à venir. Nous en sommes réduits à cela : il n’y a événement que parce que, de temps à autre, la vie publique est suspendue.

Le seul fait politique de ces dernières années qui mérite l’attention de l’intelligence et le pouvoir nationaux est souverainement ignoré : l’écrasante majorité des Algériens rejette l’acte électoral, contestant au système ses prétentions démocratiques. La mise à nu n’a même pas pu être camouflée et, malgré cela, le train-train médiatico-politique a repris son chemin. On a même voulu détourner le sens d’un acte citoyen massif et spontané en jouant la confusion entre les notions de classe politique, de système, de pouvoir… comme si les frontières entre ces abstractions étaient, dans les faits séparées par quelques nets et républicains tracés.

Quand nous votons, c’est pour soutenir un pouvoir identifié ; quand nous nous abstenons, c’est pour dénoncer une classe politique abstraite. Après ces explications “à chaud” et sans appel asséné par nos dirigeants au sujet de notre désertion citoyenne, ils sont repartis à leurs sièges respectifs, et satisfaits de nous avoir éclairés sur les raisons de n’avoir pas voulu voter. C’est nous qui nous retenons de voter et, ensuite, on nous apprend pourquoi. Et même ce Smig d’interprétation n’est pas pris en compte puisque, plus que jamais, le personnel en question est toujours là.

On a donc fait comme si de rien n’était. Et le programme de ne rien changer a été maintenu. Il y a tellement d’activités plus importantes que de prendre leçon d’une élection législative. Et pendant que nous serons braqués à attendre la fumée blanche du nouveau gouvernement de la même “classe politique”, ce qui reste de l’ancien gouvernement continuera à “expédier les affaires courantes”.

Mustapha Hammouche

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