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18 septembre 2008

Le salaire et la contrepartie

Ecrit dans : Editorial Liberté

S’il faut bien faire un reproche aux membres de l’Assemblée nationale ou à ceux du Conseil de la nation, ce n’est certainement pas celui de percevoir des émoluments à peine supérieurs à ceux octroyés à leurs homologues du Bénin et de loin inférieurs à ceux des parlementaires congolais.

La revalorisation des salaires de nos députés est désormais officielle et applicable avec effet rétroactif à compter du début de l’année. Et l’augmentation est plutôt substantielle. Voilà qui ne manquera pas de provoquer des grincements de dents, si ce n’est carrément une levée de boucliers.

Dans un pays où travailleurs et cadres de tous les secteurs ne décolèrent pas en raison d’une rémunération trop souvent humiliante, il faut même s’attendre à voir nos parlementaires accusés de troquer leur mandat contre le bénéfice de gains matériels et autres privilèges. On ne serait pas loin de les accabler de trahison pure et simple.

Pourtant, s’il faut bien faire un reproche aux membres de l’Assemblée nationale ou à ceux du Conseil de la nation, ce n’est certainement pas celui de percevoir des émoluments à peine supérieurs à ceux octroyés à leurs homologues du Bénin et de loin inférieurs à ceux des parlementaires congolais. Il faut surtout leur en vouloir de ne pas se battre pour rendre effectives les prérogatives que les textes, la Constitution du pays en premier, leur reconnaissent.

Il serait plus opportun de leur tenir grief, aussi, de leur nonchalance face à un Exécutif omnipotent, de leur laxisme face à une situation sociale intenable pour le plus grand nombre de leurs mandants ou encore de leur silence devant les dévoiements de l’institution parlementaire qui mérite, plus que jamais, le sobriquet de “chambre d’enregistrement”.

Car enfin, c’est bien cela qui éloigne les députés de leur mission constitutionnelle qui leur commande de représenter les citoyens, donc de défendre les intérêts matériels et moraux de ces derniers ainsi que protéger leurs droits et leurs libertés légalement reconnus.

Or, elles sont bien rares, trop rares ces voix qui, à l’occasion, s’élèvent au sein de l’hémicycle pour évoquer les dysfonctionnements et autres manœuvres dilatoires qui minorisent la fonction du député et qui, ce faisant, lui font perdre toute crédibilité aux yeux des électeurs.

À présent que leurs salaires sont revus à la hausse, le risque que la perte de crédibilité qui les frappe en devienne irrémédiable est encore plus grand. À moins que, n’ayant plus rien à attendre de l’Exécutif, ils décident enfin, en contrepartie de leurs gains, de redevenir ce qu’ils n’auraient jamais dû cessé d’être : des députés.

Saïd Chekri


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