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16 septembre 2008

NTIC : un développement lucratif mais… virtuel

Ecrit dans : Contrechamp

Le président-directeur général de l’Eepad a animé une nouvelle conférence ; il nous y promettait un ordinateur portable à trente mille dinars.

L’intervention du patron de cet établissement rappelle que celui-ci a déjà été partie prenante de l’opération Ousratic, une autre promesse informatique qui devait équiper six millions de foyers. L’échec de ce coup de pub raté des autorités chargées du développement des NTIC a été endossé aux banques qui n’auraient “pas joué le jeu”. Comme si les institutions financières étaient pour jouer un jeu conçu en dehors d’elles, et non pour concevoir leurs produits à l’intention de leurs clients, opérateurs ou particuliers.

En fait, il semble évident que l’étude des besoins et des modalités de financement n’a pas été à la hauteur d’une ambition d’une telle envergure. Les banques jouent bien le jeu quand il s’agit de logements ou de véhicules, et même de prêts à la consommation ; il n’y a donc pas de raison qu’elles rechigneraient à financer l’acquisition de produits technologiques.

Le concepteur d’Ousratic n’a peut-être pas pris le temps de vérifier la faisabilité de son projet, dans les conditions de financement existantes. Mais l’impossibilité d’une erreur de décision, fondement culturel de notre système politique, interdit le constat d’échec d’une initiative d’autorité. Même les représentants du secteur privé, quand ils sont associés à une opération officielle, adoptent les arguments qui déresponsabilisent.

Depuis peu, l’Eepad commercialise le “Five Play”, offre inédite de cinq services concomitants (Internet, téléphone et produits audiovisuels). Le propos n’est pas d’anticiper sur la qualité ou la réussite commerciale du produit, mais, au vu de l’état du réseau de téléphonie fixe, le défi est osé.

Bien sûr, en matière de disponibilité et de qualité de lignes de communication, la responsabilité incombe à Algérie Télécom. Et c’est justement pour “booster” l’opérateur de téléphonie fixe que l’Eepad déclare placer la charrue avant les bœufs.

Mais l’usager, le client pour appeler les victimes par leur nom, devrait-il payer un produit Eepad et réclamer une qualité de réception à AT ? Tout cela parce que la rareté l’oblige à se jeter dans les bras du premier promoteur venu.

On a fait payer au consommateur des puces Djezzy avant la mise en place du réseau ; on lui fait toujours payer son appartement avant qu’il ne soit construit.

Le développement à deux vitesses du réseau fixe et du réseau mobile prouve une chose : même l’État ne voit plus dans le citoyen qu’un client. Il le contraint à consommer un article commercial en le privant d’une prestation de service public.

Il en va d’ailleurs de même pour ce qui est d’autres besoins sociaux : le transport public, par exemple, abandonné au bonheur de fabricants et de concessionnaires de véhicules de bas de gamme. Avant que l’État ne vienne, à son tour, ponctionner, par l’institution d’une taxe, les budgets de transport des ménages.

En matière de nouvelles technologies, “l’avènement de la société de communication”, toujours à venir, mais immédiatement rentable, constitue un discours partagé de l’État et des opérateurs. Mais la technique de promotion n’a pas changé depuis La Fontaine : “Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.”

Mustapha Hammouche


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