Une quantité de qualité

Les délestages et les pannes d’électricité signalés par les journaux privés depuis le début du Ramadhan sont venus juste après le feuilleton annuel autour de la flambée des prix à la fin de l’été et autour des dépenses induites par la rentrée scolaire qui met de l’argent en jeu et aussi de la fatigue physique et nerveuse pour «les papiers». Et il est démontré partout que cette fatigue a des répercussions sur la santé publique, et qu’elle a donc un coût à payer.

Le gouvernement a tout à fait le droit d’annoncer des projets jusqu’en 2015-2020, l’achèvement d’infrastructures qui attendent d’être inaugurées, l’augmentation de la prime de scolarité qui reste modeste comparée à celle d’autres pays en euros, la disponibilité des manuels scolaires… L’Exécutif a aussi le devoir de dire non seulement les retards et ce qui reste à faire, mais ce qui ne va pas du tout.

Ce travail, jusque-là, est assuré par le seul président de la République qui met le gouvernement, psalmodiant que tout va bien, même très bien, dans la posture de celui qui ment. Alors que tout le monde sait qu’il n’y a pas de dirigeants parfaits, nulle part.

Aligner des paramètres exclusivement quantitatifs, des kilomètres de goudron (qui ne réduisent pas le nombre de victimes de la route), les millions d’enfants scolarisés, n’est pas une fin en soi. Tous les gouvernements du monde comptabilisent des réalisations, des écoles ouvertes, des autoroutes, sans nécessairement en faire de grandioses événements nationaux aux quatre coins cardinaux. Le travail tout à fait normal du gouvernement ne préjuge nullement du classement de l’Algérie dans le monde. La rente des hydrocarbures, surtout si elle est la seule source de revenus, autorise dans les pays qui en disposent la possibilité de construire et d’instruire.

Mais cette rente ne permet pas, à elle seule, un label de qualité et des performances qui sont à la base, à côté du quantitatif, de la hiérarchie entre les pays, les gouvernances, les universités, les économies, les qualités de vie… Il y a là un devoir d’exigence de qualité que M. Bouteflika s’impose et impose en demandant parfois de la manière la plus tranchée qu’il soit assumé par tous. Pour cela, il est bien entendu nécessaire d’avoir les instruments qui quantifient, de planification, qui autorisent l’anticipation pour donner une quantité de qualité.

L’Algérie est un pays chaud sur une planète qui connaît un sérieux phénomène de réchauffement, lequel dérègle les anciens mécanismes de fonctionnement, impose de voir autrement l’environnement, l’urbanisme, les énergies, leur coût et leur consommation, tout en modifiant les habitudes quotidiennes des gens.

Dans ce pays, il y a chaque année des naissances, des constructions de toutes sortes, une augmentation régulière de la consommation alimentaire, donc des produits et des commerces supplémentaires. Toutes ces activités bien humaines demanderont chaque année plus d’électricité dans un pays qui produit et exporte du gaz.

Une gouvernance performante consisterait dès maintenant, sachant que tout est calculable, lorsque des statistiques fiables existent, à ne plus priver les commerces, les entreprises et les ménages d’électricité. Cette énergie est à bas prix en Algérie qui négocie avec l’OMC, laquelle exigera sûrement que le gaz et l’électricité soient alignés sur les prix internationaux.

Dès maintenant, il y a un énorme travail de pédagogie par les gouvernants et de véritables associations de consommateurs, autonomes et crédibles pour éradiquer le gaspillage, utiliser des ampoules et des appareils à faible consommation, développer des campagnes médiatiques pour préparer les esprits à des prix de l’électricité qui ne peuvent rester en l’état…

Et il y a l’énergie solaire coûteuse au départ mais inépuisable car le gaz n’est pas éternel. L’année prochaine, il y aura un Ramadhan, une rentrée scolaire et, espérons-le, ni délestages ni incendies que ne peuvent conjurer la valse des chiffres et les bilans d’activités. La prévention et l’anticipation le peuvent.

Abdou B.

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