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16 juillet 2008

Faut-il sauver le soldat El-Béchir ?

Ecrit dans : Contrechamp

Enfin une question qui mobilise l’Afrique et le monde arabe ! Avec une certaine célérité et un réel consensus : l’inculpation du président El-Béchir par la Cour pénale internationale. Le CCG a réagi. L’OCI a réagi. L’UA a réagi. Et les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se réuniront samedi pour réagir.

L’Union africaine a déjà fait corps, très récemment, pour défendre Mugabe contre les pressions de certains pays occidentaux qui le pressaient de respecter le verdict des urnes. Et dès sa “réélection”, comme pour souligner à l’intention du monde, le président du Zimbabwe s’envolait vers le sommet africain, pour filmer son homologation par ses pairs du continent.

Une fois le déluge passé, Mugabe est un président, un président africain, comme les autres. L’organisation continentale a, une nouvelle fois, fonctionné comme une ligue : elle remplit la mission prioritaire qui consiste à assurer la solidarité de chefs de régimes qui veulent échapper au mouvement de l’Histoire. Accessoirement, elle se pare de structures à vocation de développement et étoffe son ordre du jour de questions économiques, culturelles et politiques.

Mieux, le détournement et la corruption étant la caractéristique la plus ordinaire des pouvoirs africains, elle a pris les devants contre l’inéluctabilité des comptes en s’inventant un “mécanisme d’évaluation par les pairs”. Se donnant mutuellement le quitus de la bonne gouvernance, les dirigeants africains comptent ainsi se dérober à la responsabilité d’avoir, par leurs malversations, prolongé l’œuvre de sous-développement engagée par la colonisation.

L’émergence de quelques projets démocratiques s’est faite contre l’ONU et l’UA. Si l’on escompte l’Afrique du Sud, dont l’issue démocratique constituait un parachèvement de sa décolonisation. Mais même là, l’espérance démocratique est largement remise en question depuis la retraite de Nelson Mandela ; le régime s’est progressivement mis à la norme africaine.

L’UA s’est même assuré, par sa charte, l’interdiction des coups d’État, mais seulement dans le sens où le nouveau pouvoir déposerait l’ancien, pas dans le sens où l’ancien refuse de céder la place au nouveau.

Le crime d’ingérence et l’impératif de stabilité constituent les principaux arguments de légitimation du huis clos régional. Il a fallu vingt ans d’un massacre collectivement occulté par les États arabes et africains pour que l’UA accepte enfin l’intervention d’une force internationale, avec la condition qu’elle soit associée à une force africaine.

Et, aujourd’hui, c’est pour éviter une aggravation de la situation au Darfour qu’il faut, dit-on, sauver la peau de Omar El-Béchir. La Ligue arabe fonctionne de manière au moins aussi sectaire. Quand elle le peut. Parce qu’acculée à prendre partie dans l’affaire des attentats libyens contre des avions de ligne américains, il fallut qu’Al-Kadhafi se sorte d’affaire tout seul. Heureusement pour lui qu’il en avait les moyens moraux et financiers.

Il n’est pas certain que l’inculpation du président soudanais accélère la solution de la tragédie du Darfour. Mais le principe qui fait d’un génocide une affaire interne aura, entre-temps, été battu en brèche. Et tous les progrès contre les abus de tyrans sont bons à prendre.

Mustapha Hammouche


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