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16 juillet 2008

L’ENTREPRISE : OUI, MAIS AUSSI LE DÉVELOPPEMENT LOCAL

Ecrit dans : Décodages

Le président de la République pourrait réunir les maires d’Algérie prochainement. L’événement ne doit pas être que symbolique. L’enjeu du développement local est considérable. La fin de la décennie 1980 a été marquée, pour l’économie algérienne, par une lourde crise financière. Les entreprises en ont souffert mais aussi et surtout nos territoires, notre développement local.

La détérioration de la qualité de vie des Algériens a été importante : sous-équipement des communes, dégradation importante des infrastructures de base existantes, détérioration du service public, retour des épidémies et propagation des maladies infectieuses. Face à tous ces problèmes dont souffraient les Algériens, les communes sont restées impuissantes car dépourvues de moyens d’action et les retards dans l’équipement des communes se sont accumulés. Les plans de relance I et II trouvent ici leur pleine justification puisqu’ils visent avant tout à rattraper les retards d’équipement du pays.

On sait que les actions de l’Etat et de ses démembrements s’apprécient d’abord aux effets de proximité qu’elles produisent, c’est-à-dire à l’impact qu’elles ont sur les conditions de vie des Algériens. Bien évidemment, dire cela ne permet pas de confondre plans de relance et politique de développement local. Celle-ci est une question assurément plus complexe. Nous avons déjà eu en plusieurs occasions à rappeler que la relance de la dynamique économique passe par la réhabilitation de l’entreprise.

Il nous faut ajouter aujourd’hui que cette dynamique économique passe aussi par l’impulsion qui doit être donnée au développement local et régional. Et aux yeux des Algériens, le développement est d’abord local. Dans ce domaine, force est de constater que la démarche qui a prévalu jusqu’à maintenant n’a pas été cohérente, ni structurée, ni donc efficace. Le développement local soulève quatre questions au moins qui nécessitent d’être clarifiées avant toute mise en œuvre d’une politique efficace dans ce domaine.

1) La première a trait au niveau territorial où situer le «local». Le niveau de la commune semble le mieux à même de répondre à la définition du «local» mais, et le dernier découpage territorial ne nous contredira pas, il est très difficile, dans beaucoup de cas, de pouvoir réunir au niveau de la commune toutes les conditions de mise en œuvre d’un programme de développement local : les ressources humaines et financières sont largement insuffisantes et dans beaucoup de cas absentes, les potentialités à valoriser sont rares, les infrastructures de base inexistantes. De son côté, le niveau de la wilaya comporte le risque de mettre une distance entre décideurs et acteurs du développement local que la démarche «décentralisée » cherche précisément à éviter. Combien de fois les décisions des instances de la wilaya se sont avérées inappropriées et inopportunes pour la commune concernée ? Il y a là un premier problème sérieux à résoudre : répartir de manière judicieuse les prérogatives, la décision, et les moyens entre les deux niveaux que sont la wilaya et la commune en s’appuyant sur l’expérience accumulée dans ce domaine. Nous sommes là en pleine réforme de l’Etat.

2) La deuxième question que soulève la problématique du développement local est celle qui a trait à l’encadrement humain des collectivités locales. L’encadrement humain capable de conduire le programme de développement local existe-t-il à l’échelon qu’il faut ? Il est indéniable que si les wilayas disposent pour la plupart d’entre elles de quelques personnels compétents techniquement, ce n’est généralement pas le cas des communes qui sont dépourvues du personnel nécessaire à la conduite d’un programme de développement cohérent de la commune : ingénieurs, économistes et autres urbanistes et spécialistes en aménagement du territoire font cruellement défaut. Le paradoxe n’est pas mince lorsqu’on sait que ces personnels sont disponibles sur le marché du travail (quelque 500 000 diplômés de l’enseignement supérieur sont aujourd’hui en quête d’un emploi !)

3) La troisième question que soulève le développement local est celle relative à l’assise financière de ce développement. En l’absence de ressources — et souvent dans l’impossibilité d’en générer en l’état actuel de l’organisation de nos finances publiques — quel esprit d’initiative et d’innovation la collectivité locale de base pourrait-elle apporter à la recherche de solutions aux problèmes dont souffrent les citoyens ? L’assise financière, tout comme l’encadrement humain constituent des préalables à une bonne politique de développement local.

4) La quatrième question concerne le système d’information statistique. Nous savons que les échelons locaux ne disposent pas de systèmes d’information statistique locale ni même régionale pourtant indispensable à la gestion de leur développement.

Comme on peut le constater, le développement local est une entreprise complexe et c’est en fait là que les citoyens sentent — ou ne sentent pas — qu’il y a progrès dans leurs conditions de vie.
Dans ce domaine, en Algérie, trois actions nous semblent prioritaires :

1) construire et faire émerger des centres locaux de décision ;

2) valoriser au mieux les spécificités locales ;

3) libérer l’initiative des ressources humaines disponibles et renforcer l’encadrement des communes. Il nous faut rappeler aussi que le développement local ne doit pas se faire au détriment de la cohésion nationale.

Il doit alors :

1) intégrer les contraintes du développement national ;

2) s’inscrire dans le cadre des choix en matière d’aménagement du territoire ;

3) concilier dynamique locale et objectifs nationaux.

On devrait ainsi s’acheminer vers la consécration du développement local par la mise en place d’une structure étatique de haut niveau chargée du développement et de l’aménagement des territoires. Une telle structure signifie consacrer des compétences, des ressources financières, un pouvoir de décision au développement local quand on connaît les taux de réalisation des énormes efforts consacrés par l’Etat à l’équipement du pays (30%) et le rattrapage en infrastructures de base dont ont si besoin nos communes, mettre en place une structure gouvernementale entièrement consacrée au développement local ne serait assurément pas superflu.

Abdelmadjid Bouzidi


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