Le geste et son élégance

Lundi dernier, à l’occasion de la fête nationale française du 14 Juillet, Qassaman, l’hymne national, retentissait dans les locaux de la résidence de l’ambassadeur de France pour la deuxième fois dans l’histoire des relations algéro-françaises réputées évoluer en dents de scie. Fait remarquable : les Français se montraient plus enthousiastes et battaient leurs hôtes à l’applaudimètre.

Mieux, l’ambassadeur français, M. Bernard Bajolet, choisit, dans un geste de délicatesse, d’exprimer une partie de son discours dans notre langue nationale. Et c’est en langue arabe qu’il tint à préciser que l’accomplissement de Qassaman dans la résidence française ne procédait nullement d’un quelconque opportunisme ni de la duplicité.

«En toute simplicité, il s’agit plutôt d’un signe de respect et de considération aux hommes et aux femmes qui, s’ils ont combattu la France, l’ont fait avant tout à cause de leur dignité et de leur liberté», disait l’ambassadeur dans une sorte d’hommage à la résistance algérienne.

Mais au-delà de la symbolique, l’homme préfère, tout comme les Algériens, tourner son regard vers l’avenir et se prononce pour «des relations solides au profit des nouvelles générations». Pour ce faire, «il faut apurer le passé (…) Il faut assainir cette relation, notamment en ôtant les épines du passé», disait-il. Bajolet réclame-t-il là autre chose que ce que les Algériens ne cessent de réclamer depuis leur accession à l’indépendance ?

Certes, entre Alger et Paris, les choses évoluent mais le rythme laisse à désirer quand on est conscient des énormes possibilités offertes par un terrain de coopération criminellement laissé en jachère. Les contacts et les discussions se multiplient et se poursuivent pratiquement sans interruption alors que les avancées sont enregistrées, y compris dans des domaines sensibles comme la défense et le nucléaire. «Il faut continuer dans ce sens car nous avons perdu beaucoup de temps, trop de temps, qu’il faut rattraper», soulignait d’ailleurs M. Bajolet.

L’ambassadeur français, dont le séjour parmi nous a, quoi que l’on dise, été positif pour les deux pays, devra nous quitter car appelé à d’autres charges à Paris. Et là, les Algériens espèrent que M. Bajolet démentira pour une fois, et pourquoi pas, à jamais, les pronostics traditionnels voulant que les responsables français disent une chose lorsqu’ils se trouvent sur le sol algérien mais l’oublient ou changent d’avis dès qu’ils remettent les pieds en France. Des pronostics plus indésirables que jamais et qui, espérons-le, relèvent du passé.

Mohamed Zaâf

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