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15 juillet 2008

L’image de Sarkozy ; celle de la France

Ecrit dans : Contrechamp

Le rideau est tombé sur le sommet de Paris. Et c’est un président français radieux qui a assisté au défilé impeccable du 14 Juillet.

Réunir quarante-trois chefs d’État et de gouvernement, à peine un peu plus d’une année après son élection, autour d’un projet sommairement conçu, retouché dans la hâte et promu dans la précipitation, n’était pas un pari gagné d’avance. Et si le prestigieux caravansérail comptait le président de Syrie, d’un côté, et le président du Liban, de l’autre, le Premier ministre d’Israël, d’un côté, et les représentants du “front du refus” arabe, de l’autre, son organisateur peut y trouver des raisons de jubiler.

Au moment où Bush est “dans les cartons”, où en Russie un second prend le quart en attendant le retour de Poutine, où Blair est déjà parti, pour le président français tous les rêves diplomatiques sont permis.

Et Sarkozy sait payer le prix politique de ses succès médiatiques. Il peut inviter Al-Kadhafi à planter sa tente dans un jardin des Champs-Élysées, imposer l’invitation d’Al-Assad au défilé du 14 Juillet, assister à l’inauguration des JO de Pékin, après que Paris eut rudement chahuté le passage de la flamme. Il peut promettre l’asile à d’éventuels repentis du Farc, même s’il peut livrer à l’Italie les vétérans des Brigades rouges, auparavant abrités par un de ses prédécesseurs.

Et tout cela devant une opinion nationale en partie stupéfaite d’avoir élu un Président qui fait si peu cas des contraintes historiques des valeurs des droits de l’Homme et en partie éblouie par un Président qui sait s’assurer le résultat au risque de perdre de son élégance.

Tant pis si les syndicats lui en veulent de leur avoir appris que les grèves ne dérangent plus ; tant pis si le pouvoir d’achat n’est pas au niveau que les Français escomptaient. Ils se sont habitués à la chasse aux “sans-papiers” et au ministère de l’Identité comme d’autres se sont habitués au ministère de la Vertu. Mais ils ont l’assurance contre le péril sud-méditerranéen. C’est tout de même tranquillisant qu’on ne vienne pas partager leurs emplois.

Ils s’habitueront donc aussi à travailler plus et à consommer moins et les trente-cinq heures ne sont plus qu’une référence de nostalgie. Et ils pourront se sentir protégés par un Président qui “ira les chercher” là où leur destin ou la brutalité des autres les met en danger. Comme il l’a fait au Tchad, maladroitement.

Comme il l’a fait en Colombie, involontairement. Il est d’autant plus rassurant que, pour le prix de ce genre d’exploit, il ne compte pas. Et, peu à peu, il apprend aux Français à ne pas être trop regardants sur la manière. Ce que gagne le Président en éclat, la France le perd en éthique. Efficacité contre normalisation.

Par nature, les coups d’éclat n’ont d’intérêt que si l’on peut les rééditer. À peine le rideau est-il tombé sur le sommet de Paris, à peine avait-il remis les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à Ingrid Betancourt, qu’il pensait au prochain : “Il faut se mobiliser pour sortir Gilad Chalit.”
Le Hizbollah attend les propositions.

Mustapha Hammouche


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