Accouchement sans couleur

Contrairement à ce qui a été annoncé ici même, il n’y aura pas de photo de famille à l’UPM, où l’on pourrait voir les présidents algérien et israélien sur le même cliché 18×35. Les analystes ont expliqué que cette concession a été offerte par Sarkozy à son homologue algérien en échange de sa venue. Mais l’UPM n’est-elle une image ?

L’Algérie n’avait-elle pas d’autres options que de demander un filtrage de la mémoire visuelle ? N’y aura-t-il pas un photographe pour prendre les deux chefs d’Etat, algérien et israélien, côte à côte ou dans la même ligne ? S’il ne faut pas prendre à la lettre tous les analystes, le sens de la communication du président Bouteflika reste complexe.

Il change de gouvernement comme de gilet pare-balles, lance une révision majeure de la Constitution sans l’assumer et conteste ses collaborateurs en les gardant à leur poste.

Il ne dit rien ou très peu, ne s’adresse pratiquement jamais à son peuple, ne réagit pas aux attentats, à la recrudescence du terrorisme, aux émeutes ou à la cherté de la vie et dans ses rares discours, ne parle que de réconciliation, là où tout le monde attend une version mise à jour du système d’exploitation.

On s’en rappelle, bien avant que l’Algérie n’ait l’info sur sa participation à l’UPM par Sarkozy et l’AFP, ridiculisant le tandem de bois Boukerzaza-APS, l’Algérie avait déjà appris que le Président se portait bien par cheb Mami et le raï.

Guerre des porte-parole ou coïncidence, le pays de Sarkozy poursuit Mami pour avortement illégal pendant que Sarkozy est accusé d’avoir fait accoucher l’Algérie d’une participation rehaussée au sommet de l’UPM.

Entre un Sarkozy, beau parleur et idole des médias people, et Bouteflika, muet ou évasif, il y a un monde que semble bien délimiter la Méditerranée. Même si dans l’entourage du président rive sud, on explique que ne pas communiquer, c’est de la communication.

Chawki Amari