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08 juillet 2008

Mon G8

Ecrit dans : On remet ça

D’abord, il faut saluer les programmations intelligentes: sur ce même espace, j’exprimais, la semaine dernière, ma nostalgie du temps où la Cinémathèque algérienne était le rendez-vous incontournable d’une certaine jeunesse engagée jadis dans toutes les luttes qui devaient amener à l’émancipation et au progrès certains peuples du monde encore sous la botte du colonialisme ou en butte aux provocations de l’impérialisme américain. Durant ces années 60, les films dits progressistes produits par l’Occident n’étaient pas nombreux et la production soviétique venait difficilement combler ce déficit.

Les films américains présentés comme exaltant la promotion des valeurs humanitaires revenaient sans cesse sur le grand écran: on eut droit à l’immortel le Sel de la terre de J.Bibermann, au célèbre Raisins de la colère de J.Ford, adapté du célèbre roman de l’écrivain américain J. Steinbeck, auteur qui, enivré par le succès de sa production littéraire, changea de camp et soutint l’agression américaine au Vietnam. Revenait aussi ce film construit comme une tragédie grecque, le Train sifflera trois fois, titre français hâtivement choisi pour traduire le «High noon» de Fred Zinemann, réalisateur du Tant qu’il y aura des hommes…

Durant la campagne des nationalisations opérées dans le pays à la suite de la guerre des Six-Jours et qui virent les compagnies occidentales frustrées des confortables dividendes qu’elles réalisaient jusque-là, les films occidentaux furent retirés des programmes des salles et remplacés par des films soviétiques: le résultat fut que le public algérien trop habitué aux comédies légères de moeurs, aux westerns ou aux films noirs, n’arriva pas à s’adapter au réalisme socialiste du cinéma soviétique, déserta les salles obscures momentanément cet automne 66.

La Cinémathèque participa activement au soutien porté aux peuples palestinien et vietnamien par une programmation importante en films produits par les pays socialistes et parmi eux, Cuba dont le cinéma fit une entrée fracassante par l’inénarrable la Mort d’un bureaucrate ou le conventionnel les Aventures de Juan Quinquin, une sorte de «Tchapaïev» des Caraïbes. L’irruption du jeune cinéma brésilien mené par Glauber Rocha fut pour beaucoup dans la compréhension et le rapprochement des peuples qui connurent les mêmes phénomènes socio-économiques et les mêmes régimes autoritaires…

Cela va sans dire que la production algérienne participa pleinement à cette mobilisation des esprits: quand le cinéma algérien avait des ambitions… La Télévision participait aussi bien par ses programmes répétitifs et circonstanciels qui revenaient aux dates fixées par le rituel historique que par l’irremplaçable «Téléciné-club» animé par la regrettée Malika Touili, chef-monteuse et réalisatrice de l’émouvant documentaire sur la période d’instruction militaire des jeunes filles volontaires à l’armée: Mes 45 jours.

Toute cette nostalgique remembrance qui, j’en suis sûr, me vaudra quelques mises au point, pour dire que c’est la chaîne Arte qui, une fois de plus, s’est distinguée en cette veille de G8, en programmant un film dont le scénario, bien que tiré par les cheveux, illustre bien le gouffre qui sépare les peuples affamés et les préoccupations des affameurs: une jeune militante s’introduit, grâce à un subterfuge et à un vieil économiste naïf, dans l’hôtel luxueux où se tient la réunion des diplomates des pays les plus riches.

Au milieu d’un gargantuesque repas, la jeune fille fera une intervention remarquable qui mettra mal à l’aise les spécialistes de la langue de bois et aura une influence bénéfique sur les résolutions de l’Assemblée qui aura du mal à digérer cette intrusion. Qui jouera ce rôle à Hokkaido?

Selim M’SILI


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