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02 juillet 2008

COMMENT RÉUSSIR UNE CROISSANCE ÉCONOMIQUE VIGOUREUSE ET DURABLE

Ecrit dans : Décodages

A la fin du mois de mai 2008 a été publié le rapport de la commission croissance et développement, commission créée en avril 2006 et épaulée par la Banque mondiale. Cette commission avait pour objet de se pencher sur un phénomène qui ne s’était jamais produit avant le milieu du XXe siècle : depuis 1950, 13 pays ont connu un fort taux de croissance de 7% par an pendant au moins 25 ans d’affilée.

La commission était présidée par le Nobel d’économie américain Michael Spence (un libéral orthodoxe) et composée de 19 sommités dont un autre prix Nobel Robert Solow, d’anciens chefs d’Etat ou Premiers ministres (l’ancien président du Mexique, les anciens Premiers ministres du Pérou et de Corée du Sud, l’administrateur du Pnud, Kemal Dervis, le président de Citigroup, le gouverneur de la Banque de Chine ; le président de l’autorité monétaire de Singapour, le gouverneur de la Banque centrale d’Indonésie, le ministre des Affaires étrangères du Chili…) Parmi les 13 pays étudiés, il y a la petite île de Malte et le géant chinois, un temple du libre-échange comme Singapour et une économie très dirigée comme la Malaisie (les autres pays du groupe sont la Corée du Sud, le Japon, l’Indonésie, Taïwan, la Thaïlande, le Brésil, le Botswana, Hong Kong, Oman).

Les principales conclusions auxquelles est parvenue la commission sont très intéressantes à rappeler pour qui réfléchit sur les problèmes du développement économique de l’Algérie. Nous en avons dénombré dix :

1 - Chaque pays a des caractéristiques et une histoire propre dont sa stratégie de croissance doit tenir compte. «S’il existait une seule doctrine de croissance valable, nous l’aurions découverte.» Il faut être pragmatique et coller aux réalités de l’économie et de la société qu’on veut transformer et développer.

2 - Une croissance économique rapide et soutenue n’apparaît pas spontanément. Elle se fabrique patiemment mais avec détermination.

3 - La croissance économique exige une administration compétente, crédible et motivée. «La croissance réclame un Etat fort.» Elle exige aussi, pour être durable, une planification de long terme.

4 - L’ouverture et l’intégration à l’économie mondiale permettent l’importation des technologies et des savoir-faire d’autres pays. Mais elles se préparent par une série d’actions appropriées. Apparaît encore une fois, ici, le rôle de l’Etat. De même une politique d’exportations est nécessaire car les stratégies de croissance qui reposent exclusivement sur la demande intérieure finissent toujours par atteindre des limites.

5 - L’expérience des pays qui ont réussi montre qu’il faut créer une technostructure (des équipes de technocrates) qu’il faut «couver et protéger et qui subsiste aux changements politiques. Ces équipes de technocrates, qu’il faut protéger par des lois, assurent une certaine mémoire institutionnelle et la continuité des politiques de développement.

6 - Une allocation efficiente des ressources ne peut être assurée que par le marché pour lequel il n’existe pas de substitut efficace connu. Mais le marché a besoin d’être régulé notamment par des institutions qui définissent les droits de propriété, veillent à l’application des contrats, comblent le déficit d’information entre acheteurs et vendeurs.

7 - Ce n’est pas parce que les autorités font parfois preuve de maladresse ou se fourvoient qu’elles doivent être tenues à l’écart du processus. Au contraire, plus l’économie croît et se développe, plus une administration publique active et pragmatique a un rôle crucial à jouer. Mais le rôle de création de valeurs ajoutées revient au secteur privé, à l’investissement et à l’entreprenariat. «On peut mesurer la croissance du PIB du haut de la forêt macroéconomique mais c’est dans les sous-bois micro-économiques que se prennent toutes les décisions, que les nouvelles pousses germent et que les bois morts sont déblayés.» Tout se joue dans l’entreprise !

8 - Aucun pays n’enregistre de croissance forte et durable sans maintenir un taux extrêmement élevé d’investissement public dans l’infrastructure, l’éducation et la santé. Loin d’évincer l’investissement privé, ces dépenses l’attirent.

9 - Une politique de croissance forte et durable exige des systèmes de protection sociale qui assurent une source de revenus aux personnes à la recherche d’un emploi et garantissent un accès permanent aux services de base. En l’absence de ces politiques de protection sociale, la stratégie de croissance s’émoussera rapidement.

10 - La croissance doit, dans une mesure toujours plus grande, procéder du savoir, de l’innovation et de la diversification du stock de capital physique et humain. Les services aussi gagnent une place grandissante dans l’économie. Les gouvernements doivent développer l’enseignement supérieur et relever le niveau de compétences sur l’ensemble du spectre des emplois.

Dix-neuf experts de renommée mondiale, deux années de travail, une multitude d’expériences de développement étudiées : une certitude : il n’y a pas de «miracles économiques», il y a une croissance vigoureuse et durable qui peut être expliquée. Elle exige de réunir des conditions, de faire les bons choix, d’avoir de la détermination et surtout d’appliquer la méthode des «trois D» : diagnostic-dialogue-décision. Si l’on devait évaluer la politique économique algérienne en œuvre actuellement à la lumière des résultats obtenus par la commission de Spence et Solow on peut retenir la grille suivante.

Abdelmadjid Bouzidi


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