La corvée communicationnelle du pouvoir

Bouhadja a dit, à propos de la “démission” de Belkhadem, qu’il s’agit d’une opération tactique.
Pour ne pas se perdre en pérégrinations sur les arrière-pensées tactiques de la décision, il est préférable de penser que, comme nous, le porte-parole du FLN ignore les vraies raisons de l’alternance à la tête du gouvernement. Seule chose sûre et qu’il doit savoir, comme nous, c’est que la démocratie ne fait pas partie de ces raisons.

Chakib Khelil, le ministre de l’Énergie et de l’énergie nucléaire, des Mines, de la Sonatrach, etc, qui, lui, a des chances de savoir, a répondu à une question de France 24 sur les motifs du changement à la tête de l’Exécutif que Belkhadem aurait été soulagé de sa charge pour “s’occuper de son parti”, sans compter qu’en tant que ministre, “il continue à siéger dans le gouvernement”.

Le ministre n’avait peut-être pas remarqué que Ouyahia avait un parti dont il devrait s’occuper, et que, malgré cela, il a été re-promu Premier ministre à la veille d’un congrès. Dans une démocratie, c’aurait été handicapant pour lui ; dans un contexte où prédomine la culture de la cooptation, ce fut effectivement une aubaine pour le chef du RND : le congrès n’avait plus qu’à fêter le retour de son leader aux affaires.

Au sujet du mini-remaniement ministériel, Khelil a ajouté que “plusieurs ministres étaient malades et devaient être remplacés”.

Mis à part les problèmes de santé devenus de notoriété de l’un d’entre eux, les partants n’avaient pas l’air d’être les plus mal en point d’entre nos responsables. On peut donc conclure que, dans le régime, la santé peut constituer un motif mais en aucun cas une raison de mise à la retraite. Il y en a qui, parce qu’ils doivent par nature être aux commandes, sont dispensés d’être en forme.

Au-delà de leurs enseignements politiques, ce type de déclarations montre avec quelle facilité, dans la communication officielle, l’argutie peut faire office d’argumentation. Dans cette relation à l’opinion publique, les demandes de clarification sont expédiées comme autant de corvées qu’il faudrait exécuter avant de passer au message du pouvoir ; celui que nous devons intégrer comme directive dans notre cas : le pouvoir a fait cela pour parachever l’œuvre ratée en neuf ans dans les dix mois qui restent de la dixième année.

Entre-temps, vous aurez la nouvelle constitution qui vous donne droit à cinq années de plus de bonne gestion.

Les actes “politiques” du régime ne sont pas politiques, au sens où ils signifieraient quelque évolution dans la mission que le pouvoir se donne. Tout est décidé pour assurer la seule pérennité du système dans un jeu de marchandage de sérail. Le reste étant littérature, on nous donne de la littérature.

La presse se chargera de faire des manchettes de réactions aussi aberrantes les unes que les autres. Leurs auteurs sont parfois tenus d’expliquer un acte dont eux-mêmes ne maîtrisent pas toujours le pourquoi. L’incohérence de la communication officielle, en fait une communication des officiels, traduit le style autoritaire et occulte la gestion des affaires de l’État.

Mustapha Hammouche

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