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02 juillet 2008

Diaspora : un discours… disparate

Ecrit dans : Commentaire El Watan

Pour Abdelhamid Si Affif, le président de la commission des affaires étrangères de l’APN, entre les Algériens d’ailleurs et la mère patrie, il y a juste un « problème de communication ». Et de préconiser une solution imparable à ses yeux : la mise en place d’un portail informatique ! Dieu que c’est facile, finalement… ! Il suffit donc de lancer ce site internet – alors qu’il en existe des centaines et en Algérie – et hop, nos « cerveaux » expatriés si désirés vont illico presto embarquer à bord du premier vol d’Air Algérie…

C’est ce discours, terre à terre, le moins que l’on puisse dire, qui a été tenu la semaine dernière à Paris, devant ce qu’on appelle abusivement la diaspora algérienne en France. Et comme pour donner plus de crédit à cette trouvaille bien algérienne, l’un des compagnons de Si Affif s’est adressé en… arabe à son auditoire croyant naïvement pouvoir titiller leur ego patriotique.

Sur ce plan, Si Affif a sans doute raison : il y a bien un problème de communication ! Mais là où le bât blesse, c’est quand ce tribun lance à tue-tête que « celui qui aime l’Algérie doit aimer Bouteflika ! » Voilà une belle confusion des genres qui rend toute opération de charme à l’égard de nos compatriotes résidant à l’étranger, suspicieuse, voire très aléatoire.

C’est à croire qu’on est allé chercher des militants et des supplétifs politiques et non plus convaincre autant que faire se peut quelques Algériens qui font le bonheur des pays d’accueil de consentir un peu de leur intelligence à leur pays d’origine. Cette piteuse façon de faire décourage, hélas, les plus téméraires parmi ceux qui sont tentés par l’aventure algérienne.

A l’heure des nouvelles technologies de l’information, il est sans doute incommode, voire archaïque d’évoquer des problèmes de communication pour justifier la rupture du lien ombilical entre l’Algérie et sa matière grise qui opère ailleurs.

Mais en réalité, cela traduit une faillite diplomatique de nos chancelleries qui n’ont pas pu et su jeter les passerelles nécessaires avec ces élites en dehors des élections. L’immigré algérien, quelle que soit sa valeur marchande dans le pays d’accueil, n’est au mieux qu’un électeur potentiel.

Et tant qu’on continue à faire les yeux doux à ces communautés juste à la veille de chaque rendez-vous politique, il serait illusoire de prétendre constituer une diaspora qui, elle, suppose une communauté d’intérêt.

Or, le dernier séminaire organisé par Si Affif lui-même à l’APN sur ce thème précisément a mis à nu toutes les contradictions de l’entreprise, notamment le choix à forts relents politiques des délégations participantes.

Moralité : au lieu de perdre du temps et de l’argent à tenter vainement de faire revenir les élites algériennes de l’étranger, les autorités seraient mieux inspirées de juguler l’exode massif de jeunes cadres. Quant à la diaspora, elle devrait disparaître du lexique de nos politiques. Pour qu’elle revienne, il faudrait peut-être qu’eux partent…

Hassan Moali


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