L’Union africaine et l’effet Merckel

Si le Président Bouteflika a décidé d’être en avance de deux jours à Charm El Cheikh où est prévu seulement pour lundi le Sommet de l’Union africaine, c’est qu’il y a des raisons. De très sérieuses raisons. Officiellement, le Sommet devait se pencher sur le thème de la «Réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement en matière d’eau et d’assainissement». L’eau est en effet, un problème majeur pour l’Afrique.

Cependant, d’autres événements autrement graves et urgents ont surgi. Il y a le Zimbabwe qui se retrouve au centre d’une «crise» mondiale. Du G8 à la reine d’Angleterre en passant par l’Union européenne et les Etats-Unis, tous accusent le président Mugabe, candidat à sa succession, d’avoir refusé le report des élections présidentielles. Des élections qui se sont donc déroulées hier sans autre candidat. Son adversaire et chef de l’opposition, Morgan Tsvangirai, ayant décidé de se retirer de la course. L’Union africaine qui ne s’était, jusque-là, pas prononcée sur le sujet, doit impérativement le faire. Il y va de sa crédibilité.

D’ailleurs, il est prévu que le Conseil de paix et de sécurité (CPS), une institution de l’UA composée de 15 pays membres dont l’Algérie, doit se réunir demain sur la situation créée par le Zimbabwe. Pas seulement puisqu’au Soudan, la crise du Darfour prend de nouvelles tournures aggravées par la tension supplémentaire créée par les Etats-Unis qui viennent d’exiger à leur tour, après le Conseil de sécurité et l’UE, du Soudan de livrer deux de ses responsables à la Cour pénale internationale. Ceci sans compter la relation conflictuelle qui existe entre le Soudan et le Tchad. Ce sont là deux dossiers, nonobstant toutes les autres calamités liées au sous-développement comme la faim ou le sida, qui mettent à rude épreuve l’Union africaine qui n’a pas le droit à l’échec.

Au-delà de ces questions particulièrement brûlantes, des sources avancent qu’il sera question, à Charm El Cheikh, également de l’Union pour la Méditerranée. Pour bon nombre d’observateurs, il n’y a aucune raison pour que l’Union européenne siège dans l’UPM et pas l’Union africaine. Les raisons invoquées par Angela Merckel pour inclure l’ensemble des pays de l’UE valent aussi pour tous les pays de l’UA.

Les deux continents ont d’ailleurs le même nombre de pays riverains de la Méditerranée. Et en quoi la Lituanie serait plus méditerranéenne que le Malawi? Le grand problème pour l’UPM est que si l’effet Merckel agit sur l’UA, le risque de la contagion pourrait s’étendre à l’ensemble des pays de la Ligue arabe. Difficile, en effet, de trouver des arguments pour refuser les uns et les autres.

Zouhir MEBARKI