Laïcités

Il y a quelques mois de cela, bien avant la soudaine disparition des chaînes TPS du paysage audiovisuel dépeuplé qu’est le nôtre, un talk-show réunissait trois célèbres comiques de la chaîne «Comédie» sur celle de Bolloré, le copain à Sarkozy. Je fus étonné d’entendre de multiples louanges prononcées par le trio à l’égard de Dieudonné.

Les trois compères reconnaissaient son talent, ses innovations, mais se désolaient en même temps pour ses outrances qui l’ont conduit là où il est: c’est-à-dire loin du monde du show-biz et du politiquement correct où, pour durer, il faut être conforme au moule façonné par le tout-puissant lobby sioniste qui contribue à faire élire des présidents des deux côtés de l’Atlantique ou à reléguer dans le désert des Tartares ceux qui ne pratiquent pas la langue de bois.

Roger Garaudy et l’abbé Pierre, pour ne citer que les plus célèbres, ont assez cher payé pour avoir dit tout haut ce que la majorité pense tout bas. Cette réflexion m’est advenue devant le tintamarre fait par tous les médias réunis et qui ont, en choeur, embouché les trompettes de Jéricho pour porter à l’attention de l’opinion publique une grave affaire qui pourrait porter atteinte à l’honorabilité de la France: un jeune adolescent aurait été pris à partie par une bande de jeunes qui l’ont envoyé à l’hôpital.

Et de faire durer le suspense! Il est entré dans le coma! Il en est sorti! Les médecins sont réservés sur le diagnostic! Pendant trois jours et plus s’il y a affinité, tous les journaux télévisés s’ouvrent sur cette information capitale, devenue capitale parce que l’adolescent battu est de confession juive, et que Sarkozy s’adressait au moment même de la rixe à la Knesset.

Tous les porteurs de kippas ont défilé devant les caméras publiques ou privées, le papa, la maman, l’avocat, l’ancien et le nouveau grand rabbin de France et même la tantina de Burgos avec ses quatre gosses. Il ne manquait plus que Ban Ki-moon et El Baradei et l’affaire aurait été portée devant le Conseil de sécurité. Heureusement que le nom de l’Iran n’a été prononcé que sur le sujet danger nucléaire qui règnerait si Israël perdait son monopole de détention d’ADM.

Finalement, au bout de trois jours de matraquage médiatique, des témoignages tardifs ont révélé qu’il ne s’agissait que d’une banale bagarre entre bandes rivales dans un quartier où les affrontements intercommunautaires sont monnaie courante et que par-dessus le marché, le jeune adolescent aurait déjà été interpellé par les services de police pour violences.

Donc, toutes les sources, à part celles des médias contrôlés par le consistoire, sont d’accord pour dire que l’agression n’est pas forcément un acte antisémite, mot qu’on n’utilise actuellement que pour désigner les actes dont sont victimes les gens de confession israélite. L’Académie française est, paraît-il, en train de chercher un nouveau mot pour qualifier les inqualifiables actes dont sont victimes les Maghrébins, les Turcs ou autres faciès basanés.

Jusqu’à présent, aucune ratonnade, aucune bavure policière n’a fait couler autant d’encre et de salive. Tout cela pour rappeler que dans le plateau de la balance de la justice du pays des «droits de l’homme et du citoyen», de «liberté, égalité et fraternité», les victimes ne pèsent pas toutes le même poids et qu’une hiérarchie est organisée dans l’ordre des barbaries perpétrées par les Européens: au sommet se trouve l’holocauste juif, en dessous l’esclavage dont certains remettent en question l’importance sur Internet, sans qu’ils soient poursuivis pour révisionnisme.

Quant aux crimes coloniaux, il est préférable de les oublier. La France, qui a réussi une révolution au début du XXe siècle en séparant l’Eglise de l’Etat, parachèvera sa laïcité en séparant la synagogue de l’Etat et des médias.

Selim M’SILI

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